Depuis sa naissance, Mikey a survécu à l’arrivée des non-morts, à l’envahissement des fantômes mangeurs d’âme et au débarquement des vampires grâce à l’intervention des indies kids, ces jeunes adolescents aux pouvoirs susceptibles de sauver le monde. On peut donc dire que Mikey a eu une vie normale. Et alors que l’extraordinaire s’invite de nouveau dans leur banlieue via des Immortels se cherchant des « vaisseaux » humains, ce qui l’intéresse, lui, c’est réussir son année scolaire, aller au bal de finissants, avouer son amour à Henna et, enfin, l’embrasser. Les indies kids se chargent bien du reste, non?
Patrick Ness allie deux courants forts en littérature jeunesse, soit le fantastique et ses super adolescents capables de sauver le monde et les romans réalistes s’attardant à différents troubles psychologiques, dans ce roman hors norme. Écrit dans une langue riche, construit de façon surprenante, il s’adresse aux lecteurs avancés.
« Si vous n’étiez pas destiné à être un héros? Celui qui est censé combattre les zombies, ou ce nouveau truc, là, complètement dingue, avec les lumières bleues. »
Dépaysant, vous dites? On pourrait dire aussi : surprenant, rafraichissant, hilarant. En effet, cette double histoire emmène le lecteur dans des zones tout à fait inattendues et, s’il ne s’agissait pas de l’auteur de mon roman fétiche, Quelques minutes après minuit, j’aurais peut-être émis plus de doutes en début de lecture.
Il y a d’abord l’histoire réaliste, autour de Mikey, qui termine sa dernière année avant l’université et, devant le stress qui grandit, recommence à avoir des TOC liés à la propreté, et de son petit groupe d’amis formés d’adolescents « ordinaires » (si on oublie que l’un d’eux, quart de Dieu, attire tous les chats sur son passage). Patrick Ness en a profité pour créer une famille dysfonctionnelle comme on les aime, avec une mère politicienne de carrière et prête à se lancer dans une nouvelle campagne malgré la fragilité de ses enfants, un père alcoolique et une sœur qui a souffert d’anorexie et en a gardé un rapport très problématique à la nourriture.
Toutefois, à côté de cette histoire tout à fait crédible, il y a d’abord les chapeaux de chapitre, qui nous indiquent la venue des Immortels, des esprits cherchant des « vaisseaux », soit des humains et des animaux à envahir. Si les indies kids (dont beaucoup de Finn) tentent de sauver la situation de prime abord, la ligne est de plus en plus mince entre les deux univers et Mikey fait bientôt la rencontre d’un cerf aux yeux bleus particulièrement terrorisant. Dès lors, les histoires se télescopent jusqu’à une finale haute en couleur.
C’est déstabilisant et parfois un peu poussé, mais l’originalité est telle qu’on savoure quand même. Il n’a pas fini de nous surprendre, cet auteur!
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