Jusque là, Tess est une adolescente sans histoire. Elle a un léger surpoids, brode un peu la réalité auprès de ses parents en se disant amie avec celle qui l’intimide à l’école, mais elle s’en sort et s’assume. Jusqu’au jour où elle découvre un texte de son père sur l’ordinateur de ce dernier. Six cents mots dévastateurs. Son père n’est pas son père. Pire, il ne veut pas d’elle. Tess cherche des repères. Et en attendant de trouver un nouveau père, un vrai père, elle se mure dans le silence. D’abord parce qu’elle n’a pas envie de répondre, ensuite parce qu’elle n’arrive plus à trouver les mots…
Anabel Pitcher parle de famille, de génétique, d’adolescence et de mutisme sélectif dans ce roman. Assez long, il s’adresse aux lecteurs intermédiaires et avancés.
« Je suis le tonnerre », dit Tess. Et pourtant, tout en elle est l’adolescente timide, qui ne dit jamais un mot de plus que l’autre. Pas malheureuse, non, elle a une meilleure amie avec qui elle délire souvent, accepte ses rondeurs, a une famille aimante, mais en elle, la rébellion est difficile à imaginer. Jusqu’à ce jour où ses fondations tremblent et où elle sent qu’il lui faut de toute urgence faire quelque chose. Et c’est dans la résistance passive qu’elle le fera, dans le silence.
Anabel Pitcher parle de mutisme sélectif dans ce roman bien mené. S’il y a certaines longueurs, c’est aussi parce que l’auteure prend le temps d’installer les choses, de mettre de la chair autour de ses personnages (coup de cœur pour la grand-mère silencieuse aussi), de nuancer. Tess se cherche et son silence lui fait voir les choses autrement. À travers lui, elle remet en question sa famille, ce qu’elle croyait être la réalité, mais aussi l’amitié, l’école. La grande force du roman est que ce personnage pourrait être n’importe qui et tout le monde tant elle est d’une grande crédibilité.
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