J'ai avalé un arc-en-ciel

Capucine, ou Puce, entame sa dernière année de secondaire et a bien l’intention que cette année en tant que senior soit inoubliable. Oui, c’est l’année de bien des peurs, avec les examens, les demandes à l’université, les responsabilités, mais c’est aussi celle des souvenirs, des grandes amitiés, des dernières chances. Et Capucine a bien l’intention de la traverser en en profitant un maximum même si elle vient de perdre son petit ami, déménagé trop loin. C’est donc pour cela qu’elle se crée un blog et décide d’y raconter ses bons comme ses moins bons moments, sa vie avec ses amis, Soupe, Vaneck et Sara, mais aussi avec la nouvelle, Aiden, celle qui a fait tourner bien des têtes avec ses dreadlocks et qui pourrait bien éveiller en elle un peu quelque chose qu’elle ne soupçonnait pas.

« Tous les quatre, on a peur de ce qui nous attend. Mais avoir peur ensemble, ce n’est pas comme avoir peur tout seul. Si chacun prend un bout de la peur, elle devient moins forte. »

J’ai avalé un arc-en-ciel est un roman psychologique qui parle d’amitié, d’amour, de passage vers l’âge adulte et d’homosexualité (je ne gâche aucun punch, regardez le titre et la couverture!) sous la forme de billets de blog. C’est aussi une œuvre qui propose une immersion dans la culture américaine, le tout raconté par une narratrice qui s’en l’observe avec des lunettes différentes, colorées par ses origines françaises.

Mon avis

C’est un beau roman sur cette période charnière de l’adolescence, quand on ouvre ses ailes, qu’on se permet d’être qui on est. Si beaucoup de romans traitent de ce sujet, celui-ci a un goût particulier notamment à cause de son héroïne, une Française qui vit aux États-Unis depuis ses trois ans et qui a un ton vif, sympathique, authentique tout en abordant son récit d’une façon un peu décalée. En effet, ce qui est particulier, c’est qu’elle s’adresse directement à ses lecteurs français, et donc qu’elle prend la posture du témoin pour raconter la culture américaine et ses expressions, la réalité des adolescents qui fréquentent ces lycées, assez riches, et leurs traditions.

L’auteur a bien su capter l’essence de cette période de la vie et, s’il y a bien quelques clichés, Puce ne s’en cache même pas, on touche aussi à l’authentique, à ce qui, qu’on soit en France, au Québec ou aux États-Unis, reste possible, la preuve en étant ces références culturelles à Harry Potter qu’on reconnaitra tous. Chez Puce, il y a tout de l’adolescente normale, avec ses doutes et ses peurs, son besoin de se découvrir. Et le voyage est chouette en sa compagnie, encore plus quand Aiden arrive dans le décor et qu’elle bouscule ses certitudes. Erwan Ji a su parler de sentiment avec beaucoup de sensibilité.

Le petit plus? La plume d’Erwan Ji est spéciale et il y a de petites perles qui se cachent au fil des pages :

« Je veux parler de ma vie, mais aussi de la vie. Parce que ce qui compte quand on navigue, ce n’est pas le bateau. C’est l’océan, l’équipage, et les étoiles au-dessus de nos têtes. »

Cette phrase résume d’ailleurs assez bien le roman puisque c’est tout ce voyage qui fait la beauté du récit, difficile à résumer parce que c’est la vie, tout simplement, avec ses fêtes, ses hauts, ses bas, ses doutes… et ses moments magiques.