Si Cathryn se présente aux auditions de théâtre, ce n’est pas pour obtenir un rôle, mais bien pour pouvoir faire la scénographie. Créative, l’adolescente rêve de ce rôle et compte sur sa grandeur, qui lui a toujours donné l’air plus vieille, pour convaincre les juges qu’elle peut le faire, même si elle n’a pas l’âge requis. C’est aussi cette caractéristique physique qui fait que le nouvel employé de son magasin de bandes dessinées préféré lui fait de l’œil. Bon, d’accord, elle a menti un peu en prétendant être en cinquième secondaire, mais est-ce si grave? Malheureusement, quand sa mère remet pour la énième fois sa visite alors que l’adolescente vit déjà avec la pression du théâtre et le stress causé par son secret amoureux, Cathryn s’enfonce peu à peu dans les idées noires et décide de tout abandonner.
Édith Girard met en scène une jeune fille dans laquelle plusieurs lecteurs pourront se reconnaitre dans ce roman qui aborde les thèmes de la famille, de la pression scolaire, de l’amour et de la santé mentale. Accessible à tous, il s’adresse à des lecteurs de treize ans et plus étant donné les préoccupations de Cathryn (avec un y pas de e).
La santé mentale est à la mode en littérature jeunesse et ce nouveau roman vient rejoindre la liste de ceux qui les mettent à l’honneur. Après avoir déjà parlé de dépression avec Miss Solitude par le biais d’un personnage secondaire, Édith Girard aborde de nouveau ce thème avec Cathryn, mettant cette fois l’accent sur le moment où elle perd pied et les causes de cette chute. Découpé en quatre parties, « La gardienne de la capitale », « L’écroulement », « La dérive d’une superhéroïne » et « Renaissance », le récit pourtant réaliste fait de multiples clins d’œil à l’univers des comics books qui plait tant à l’héroïne et permet de montrer que même ceux qu’on croit très solides peuvent parfois être en difficulté.
La plume de l’auteure est fluide et très agréable et les nombreuses références aux bandes dessinées sont accrocheuses, mais la principale force de ce récit, c’est son héroïne. Cathryn est en effet une adolescente comme on en croise plusieurs dans les écoles secondaires, un peu effacée, passionnée de bande dessinée et avec un fort penchant artistique, mais plus attirée par la scénographie que par le jeu. On sent son ambivalence face à son corps hors norme, qui ne respecte pas les critères habituels de « beauté », mais qui lui donne aussi l’air plus vieille, ainsi que la difficulté du milieu de l’adolescence, alors qu’on est parfois attiré par de jeunes adultes et qu’on gère mal le rapport à notre âge réel. Édith Girard permet aux lecteurs de s’identifier à Cathryn et ne propose pas une fin trop rose (qui ne serait pas crédible), optant plutôt pour une conclusion en demi-teinte, qui laisse entrevoir l’espoir, oui, mais qui garde aussi de nombreuses portes ouvertes pour la suite.
Le petit plus? Les quelques illustrations qui parsèment l’ouvrage sont géniales et contribuent à ancrer le récit pourtant réaliste dans une dimension « comic book ». On en veut plus dans le tome deux, qui est paru!
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