Quand le grand-père de Sophie décède, il lui lègue un journal dans lequel il retrace une partie de sa réalité que sa petite-fille ignorait jusque-là. L’homme était en effet membre d’un cercle qui lutte contre les créatures fantastiques qui se manifestent au Québec. Lors d’un voyage scolaire, Sophie aperçoit elle aussi ces créatures et cherche à en savoir plus sur le travail de son grand-père et la confrérie dont il fait partie, recherche qui devient encore plus importante quand certains des élèves avec qui elle a visité les chutes Montmorency retournent s’y donner la mort dans des circonstances nébuleuses. Est-ce que cela a un rapport avec la Dame blanche qu’elle a aperçu dans la chute ? Et comment l’arrêter ?
Roman fantastique proposant une quête nourrie de nombreux rebondissements autour du folklore québécois, La colère de la Dame blanche est le premier tome de la série Chasseurs de légendes. Abordant les thèmes de l’héritage, des autochtones et des légendes, ce livre, assez long et dense, vise les lecteurs intermédiaires et avancés.
Pierre-Alexandre Bonin est libraire jeunesse et participe à de nombreux jurys de prix (en plus d’être mon réviseur, pour ne rien vous cacher), si bien qu’il connait à fond son domaine, et que cette première incursion en tant qu’auteur est à souligner. Un premier roman est toutefois souvent le moment d’essais erreurs et, si La colère de la dame blanche est un récit intéressant que je recommanderai aux fervents d’aventures, ce livre a quelques défauts.
A-t-on voulu trop en faire ? Une héroïne métisse, Sophie ayant des origines abénakises, un large folklore québécois à mettre au-devant de la scène, un deuil à vivre, un Diable manipulateur et des morts d’adolescents maquillées en suicide. Ça fait beaucoup et on s’y perd parfois, l’auteur échappant quelque fils en court de route et se montrant un peu didactique à certains moments, comme s’il voulait trop partager ses connaissances sur les créatures québécoises. La plume, bien que généralement fluide, est majoritairement constituée de phrases courtes qui s’enchainent et certains passages contiennent plusieurs répétitions de pronoms, ce qui leur donne un rythme saccadé.
Outre ces maladresses, il faut saluer cette volonté de créer un roman d’aventures basé sur des légendes d’ici, un pendant à L’épouvanteur de Joseph Delaney. S’il n’est pas dans les sorcières violentes de l’auteur britannique, Pierre-Alexandre Bonin a fait un choix judicieux en utilisant en tête d’affiche dans ce premier tome la Dame blanche des chutes Montmorency. Face à elle, Sophie est une héroïne intéressante, bien qu’atypique. D’ailleurs, ce premier tome se termine par une scène qui défie les clichés du genre : faut-il vraiment une bataille pour montrer toute sa force ? L’adolescente n’est toutefois pas seule et la confrérie, bien que discrète jusqu’ici, semble receler de nombreux mystères. Restons à l'affût, il y a clairement matière pour que la suite de cette trilogie nous surprenne. Le billet sur le deuxième tome est d'ailleurs ici : La vengeance de Lucifer.
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