Le père de Kasienka a quitté la Pologne pour refaire sa vie en Angleterre. Bien décidée à le retrouver, la mère de l’adolescente de douze ans choisit de suivre ses traces. C’est ainsi que Kasienka fait son entrée en territoire anglais, dans une école où elle ne connait personne, dont elle ignore les codes et dont elle ne maitrise pas la langue. Dans ce pays gris où l’humidité est reine, ses premiers pas sont difficiles : mise dans une classe de niveau inférieur, obligée de faire du porte-à-porte dans son quartier le soir pour retrouver son père et isolée à l’école, l’adolescente dépérit. Heureusement qu’il y a la piscine…
Après Inséparables, Sarah Crossan nous offre un autre roman entièrement écrit en vers, cette fois portant sur le thème de l’exil, du déracinement, de l’adolescence et de la famille. Bien que la forme puisse être surprenante pour ceux qui n’y sont pas habitués, le vocabulaire est accessible et peut convenir à tous les lecteurs.
Kasienka n’a certes pas une vie facile. On comprend rapidement que l’arrivée en Angleterre est ardue, que la jeune fille a perdu tous ses repères et que c’est elle qui joue le rôle de l’adulte devant sa mère en morceau.
« Je n’aurais pas su quoi faire de Mama,
Rentrée à la maison
Toute mélangée,
Comme les lettres de Scrabble dans le sachet,
Lourde d’une tristesse sauvage,
Si clairement affichée
Sur son visage. »
Mais elle est forte. Et là où d’autres auraient pu s’écraser (Kasienka devient rapidement la cible de Clair, jeune fille qui ne tolère pas la concurrence), elle décide de relever la tête. Et d’affronter. Si tous n’ont pas cette volonté, le lecteur peut surement s’en inspirer. Par ailleurs, si les thèmes sont durs, l’ambiance n’est pas si lourde, Sarah Crossan prenant le soin d’apporter des zones de lumière avec l’arrivée d’un voisin plutôt amusant et le premier amour de Kasienka.
Côté écriture, les vers libres demandent une adaptation, oui, mais ils induisent aussi une lecture très fluide : le regard coule le long de la page et dans les pensées des personnages. Si certaines parties, plus quotidiennes, ne gagnent pas vraiment à être narrées sous cette forme, d’autres passages voient leur force être décuplée, particulièrement quand il est question des émotions ressenties, qu’elles soient positives ou négatives.
Je n’ai pas ressenti ici le même frisson qu’avec Inséparables, écrit de la même façon par la même auteure, peut-être parce que le récit en lui-même est moins orignal, mais j’ai vraiment apprécié cette lecture!
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