Gustave Eiffel et les âmes de fer

Gustave Eiffel est sans le sou et doit rapidement se trouver un boulot s’il veut pouvoir payer son loyer. C’est pourquoi, malgré son étrangeté, il répond à une petite annonce anonyme. Se retrouvant à passer des épreuves physiques et psychologiques quasi impossibles en compagnie de jeunes gens semblant en connaitre beaucoup plus que lui sur les véritables tenants de l’entrevue, il découvre une réalité qu’il n’aurait pas soupçonnée. À Paris, un petit groupe de savants traque les forces du mal, et il est invité à en faire partie. Sa première mission? Devenir contremaitre dans une usine de métallurgie, là où un phénix pourrait bien renaitre de ses cendres et incendier la ville. Mais une fois sur place, Gustave se rend compte qu’il y a aussi de mystérieuses disparitions dans cette usine et que le patron semble y être lié. Il devra utiliser toute sa ruse et ses connaissances pour survivre à cette mission… hors de l’ordinaire!

Avec ce récit autour de la S.S.S.S.S.S., la « Société Super Secrète des Savants en Sciences Surnaturelles », Flore Vesco entraine ses lecteurs dans le monde merveilleux de la métallurgie. Complexe et rempli de clins d’œil et de jeux de mots particulièrement savoureux pour le lecteur averti, il convient aux grands lecteurs.

Mon avis

Quelle autrice, vraiment! J’attendais beaucoup de ce deuxième roman de la série (même si vous pouvez les lire dans le désordre sans problème), après avoir eu des coups de cœur successifs pour De capes et de mots et Louis Pasteur contre les loups-garous. Si j’ai été un peu déçue par la fin de celui-ci (oh, mais pas tant que ça, hein), je dois cependant dire que je suis béate d’admiration devant la plume de Flore Vesco. Cette fois, on ne nous indique pas la composition du chapitre en termes de chimie, mais bien en alliages, alors que le plaisir est le même. Mais le plus grand bonheur vient des jeux de mots, notamment ceux utilisés chaque fois que Pasteur discute avec Eiffel, les deux s’interpelant toujours par leur nom de famille. Le premier finit toujours ses phrases par « … tour, Eiffel » alors que le deuxième répond systématiquement avec un mot qui se termine par « pri[x] » avant d’y ajouter Nobel (ce qui fait référence à la tour Eiffel et au prix Nobel). Du bonbon.

Par ailleurs, l’histoire est de nouveau riche, remplie de personnages, de possibilités, soutenue par un mystère autour de disparitions dans l’usine, saupoudrée par les réflexions sur le rôle des femmes, de nouveau, ainsi que les classes sociales et les différences terribles entre les propriétaires et les travailleurs. C’est seulement à la fin que j’ai eu quelques réticences. Tout devient trop gros et un peu trop facile, la magie n’intervenant au final que pour permettre à Eiffel de s’en sortir. Des ennemis moins musclés et une intervention moins présente des coïncidences m’aurait davantage plu... ce qui ne m’empêche pas d’attendre la suite avec une impatience gigantesque (et je n’exagère même pas). Flore Vesco est une autrice unique en son genre, brillante, amusante, divertissante, sans aucun compromis. Chapeau!  

Merci aux éditions Didier Jeunesse pour le roman et à Pierre-Alexandre Bonin pour sa relecture du billet!