Signe particulier : transparente

Esther a toujours eu un caractère discret. Au point où son entourage porte peu attention à elle, oublie ses préférences, l’ignore parfois, comme s’ils ne se rendaient même pas compte qu’elle est là. Et un jour, comme si un sort avait été jeté, l’adolescente commence à réellement disparaitre par moments. Et de plus en plus longtemps. Elle se fait même des amis dans le monde invisible, d’autres gens qui, comme elles, sont trop discrets pour prendre leur place dans le monde réel. Sauf qu’elle ne sait pas tout. Et que le temps joue contre elle.

Après sa trilogie Ne ramenez jamais une fille du futur chez vous, Nathalie Stragier propose un récit unique à saveur fantastique qui donne une voix à tous les discrets. Un récit complexe, entre réalité et monde invisible, accessible aux lecteurs de douze ans et plus.

Mon avis

Ce livre, c’est le roman parfait pour les timides. À la fois parce qu’ils trouveront en Esther un personnage qui leur ressemble, qui peut vivre la même chose qu’eux, et parce que c’est une histoire qui donne envie de prendre sa place. Pas « toute la place », comme essaie très maladroitement de le faire Esther à un moment alors qu’elle cherche par tous les moyens à mettre fin à ses disparitions temporaires, mais bien celle qui revient à chacun. En voyant agir Esther, on réfléchit à cette façon qu’on a parfois d’accepter de se faire ignorer par les autres. Par une inconnue sur un banc de parc, ça passe encore, mais par ses proches? Hors de question.

Le côté fantastique du récit est intéressant parce que suivre le quotidien d’une fille un peu isolée, toujours en demi-teinte, aurait pu être ennuyant. Mais l’aspect invisibilité apporte du croquant, au départ parce qu’Esther ne comprend pas ce qui se passe, ensuite parce qu’elle décide de profiter des possibilités que cela lui procure, du moins jusqu’à ce que le personnage de la narratrice entre en scène (cette narration par un personnage témoin est d’ailleurs un aspect surprenant du roman, et pas toujours réussi). Qui est celle qui se fait surnommer « God » et repousse Esther dans sa réalité? Pourquoi est-elle si hargneuse? Des questions qui permettent de créer une intrigue jusqu’à la fin, même si parfois j’ai eu l’impression que c’était un peu poussé… Lirez-vous?  

Merci aux éditions Syros pour le roman et à Pierre-Alexandre Bonin pour sa révision du billet!