Quand les journaux dévoilent que son père, directeur d’école, envoyait des SMS à tendance sexuelle à une fille de sa classe, la vie d’Emilia de Wit vole en éclats. Et ce n’est pas sa mère, artiste torturée généralement recluse dans son studio, qui pourra l’aider. Pour sortir de cet enfer, l’adolescente décide de prendre un billet d’avion pour New York, la ville de ses rêves, et y débarque, seule et sans plan précis, alors que l’ouragan Sandy va s’abattre sur la ville. Mais quand le Airbnb qu’elle avait réservé se retrouve être en fait une arnaque et qu’elle se retrouve à devoir passer sa première nuit dans le studio d’un type blessé complètement gelé par les médicaments, à dormir dans un lit terriblement sale, elle qui a un trouble obsessif compulsif de la propreté, elle se dit que cette liberté si chèrement payée n’était peut-être pas sa meilleure idée. Mais retourner aux Pays-Bas? Hors de question!
Après Ma folle semaine avec Tess, Anna Woltz récidive avec un récit qui décoiffe, entrainant cette fois son héroïne dans la ville de New York en état de siège, alors que l’ouragan se déchaîne et laisse ses résidents sans eau, sans électricité, sans wifi. Abordant les thèmes de la famille, de la résilience, de l’entraide et de la découverte de soi, elle signe un livre entre psychologie et aventure qui plaira aux lecteurs intermédiaires.
Plusieurs de mes lectures les plus chouettes ont été celles dont je ne connaissais rien d’abord, ce qui était le cas ici. Je n’avais jamais lu Anna Woltz (Jean-François a adoré Une folle semaine avec Tess) et je n’avais pas entendu parler de ce livre-ci, ce qui a fait en sorte que je suis allée de surprise en surprise tout au long du récit. Un vrai plaisir.
D’abord grâce à Emilia, adolescente de 14 ans qui n’a pas froid aux yeux malgré ses obsessions et qui décide de foncer à New York plutôt que d’endurer un climat infernal. Ensuite pour le clan qui se crée autour d’elle et les personnages qui le constituent. Jim, tout aussi perdu qu’elle dans la grande ville, Seth, mystérieux, plutôt taciturne au départ, et Abby, jeune fille déterminée et sans peur, véritable soleil sur pattes, toujours prête à réaliser les idées qui lui traversent la tête, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Dans cet appartement où ils se retrouvent à quatre (celui de la mère absente de Seth et Abby, qu’Emilia pensait avoir loué grâce à Airbnb), ils se créent une bulle. C’est inspirant de les voir affronter les difficultés, s’entraider malgré leurs différences, grandir chacun à leur façon au cours de cette période où Sandy transforme complètement la ville. D’ailleurs, New York sert de fil d’Ariane, dans sa version « de nuit » puisque, suite à l’ouragan Sandy de 2012, certains quartiers ont été plongés dans la noirceur durant plusieurs jours.
Cet évènement ancre le récit sur une ligne du temps, mais l’autrice fait aussi écho à la période actuelle par l’omniprésence des téléphones cellulaires (et la course à la recharge et au wifi dans une ville sans électricité), mais aussi via la pression de la communauté internet autour du scandale du père. Emilia est même retrouvée dans un petit restaurant suite à une publication sur Twitter. Elle ne peut vraiment se cacher nulle part, tout est partout !
Le petit plus? J’ai eu un coup de cœur pour la scène où Abby développe des TOC ressemblant à ceux d’Emilia. Et où cette dernière fait des efforts gigantesques pour expliquer que ce qu’elle vit ne devrait pas être la norme. C’est un moment particulier, touchant, qui met en exergue le talent de l’autrice pour créer ce personnage authentique.
Le seul bémol? Une fin un peu trop ouverte peut-être? J’ai eu l’impression d‘être laissée au milieu d’une rue de New York, sans repères… en même temps, je dois admettre que ça fait partie du récit, c’est dans l’esprit de cette liberté qui a tout imprégné. Vraiment, je ne raterai plus un roman de cette autrice!
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