Thomas pensait que d’avoir retrouvé sa mère l’aiderait à aller mieux. Mais comme cette dernière refuse tout contact, l’état de l’adolescent ne fait qu’empirer. C’est comme si le vide causé par l’absence de sa mère prenait toute la place, occupait toutes ses pensées. Et personne n’est là pour l’aider. Ni son père, « aussi affectueux qu’un poteau de clôture », ni Sam, obsédé par la conception de ses vidéos « virales », ni Élie, puisque l’adolescente a une nouvelle passion qui laisse Thomas complètement indifférent : la protection des bélugas. Et quand Thomas découvre que sa mère lutte aussi pour la protection de cet animal marin, son monde semble s’écrouler. Comment se fait-il que les bélugas soient plus importants que lui ?
Après La plus grosse poutine du monde, Andrée Poulin ramène le personnage de Thomas pour aller plus loin dans l’histoire de son lien avec sa mère, notamment (mais ce roman peut être lu indépendamment de l'autre). Toujours ancré dans la réalité des adolescents (avec les textos et Youtube, entre autres), J'avais tout prévu sauf les bélugas s’adresse à tous les lecteurs.
À l’instar de La plus grosse poutine du monde, Andrée Poulin a commencé son récit avec une scène dans laquelle ses lecteurs se reconnaitront, ici avec Sam qui souhaite tourner une vidéo qui attirera les clics et décide de se jeter en bas du toit de son école un jour de tempête. Ça fonctionne (autant la vidéo que la scène, d’ailleurs), ça donne de la crédibilité aux personnages et ça permet aux lecteurs de se reconnaitre (ou de reconnaitre certains de leurs amis) en eux. Par ailleurs, son histoire est aussi dans l’air du temps avec ces bélugas du Saint-Laurent en crise et les activistes qui tentent différentes actions pour conscientiser la population. Ces bélugas servent de fil conducteur au récit et permettent un clin d’œil écologique, oui, mais aussi de nombreuses comparaisons avec les relations familiales, de quoi nourrir l’intrigue autour de Thomas et de sa mère.
Toute la partie entourant l’absence de cette dernière est traitée avec beaucoup de sensibilité. Thomas parle d’un vide-brutal-qui-fait-mal, et on voit progressivement cette absence prendre toute la place dans son esprit, perturber son quotidien, entacher sa relation avec ses amis et mettre un filtre noir sur ses pensées. La grande force d’Andrée Poulin est aussi de refuser de faire de cette femme une « mauvaise mère ». Sans divulgâcher, disons que Thomas finit par avoir certaines réponses et, si on peut ne pas être d’accord avec le raisonnement de sa génitrice, on peut sans doute comprendre son comportement. Les nuances sont importantes et Andrée Poulin est passée maitre dans l’art de les utiliser pour créer des récits qui portent et qui touchent leurs lecteurs. Chapeau.
Fait amusant (mais qui n'a rien à voir avec la critique) : en nouvelle orthographe (que j'essaie de respecter scrupuleusement, par ailleurs), béluga s'écrit « bélouga ». Et là, je n'y suis pas arrivée. D'autant que j'aurais aimé voir vos têtes en lisant un billet où il est écrit « bélouga » partout alors qu'on parle de « béluga » sur la couverture du livre. Bref, cette fois, je fais une entorse!
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