À la mort de sa mère, Ovila Barzac doit quitter sa France natale pour rejoindre son père. Celui-ci habite et travaille au Congo où il gère une entreprise d'exploitation de caoutchouc. Nous sommes en pleine période du colonialisme français, en 1925.
Arrivé en Afrique, Ovila rejoint un fougueux Canadien vingtenaire, Benjamin Lavoie, qui s'est fait confier la mission de l'accompagner à travers le continent pour le mener à son père. Avant de prendre le bateau pour remonter le fleuve, le garçon rencontre aussi d'autres compagnons de voyage. Il y a Desneiges, une pétillante adolescente congolaise avec laquelle il se lie d'amitié, ainsi que deux intellectuels français qui s'intéressent de près aux activités coloniales.
Au fur et à mesure qu'ils s'approchent des exploitations, les voyageurs découvrent les sombres secrets qu'implique l'entreprise colonialiste. Un meurtre a lieu sur le navire. Des coups de feu sont tirés depuis les rives. Décidément, le voyage de ces Blancs dérange. Et Ovila est loin d'être au bout de ses surprises...
Ténèbres est un court roman d'aventure historique pour lecteurs débutants de 11 ans et plus. Dans ce quatrième volet de sa série sur les malheureux moments de l'histoire du 20e siècle, Camille Bouchard s'attarde aux conséquences de l'impérialisme européen en Afrique.
Je me rends compte, encore une fois avec Ténèbres, de comment Camille Bouchard est efficace pour synthétiser un épisode de l'histoire en l'incorporant à une aventure. Cette fois, le roman a été particulièrement pertinent pour moi, puisque j'ai encore presque tout à apprendre sur l'histoire du colonialisme en Afrique! Subtilement, l'auteur intègre à son récit plusieurs aspects de cette ancienne réalité et de l'Afrique : les prétentions confessionnelles, la myriade de cultures qui se côtoient, les rapports entre Blancs et Noirs et le racisme en découlant, les moyens de communication du début du 20e siècle, les mariages forcés, etc. Le plongeon historique et culturel est assuré pour le lecteur!
En dépit des nombreux thèmes abordés, c'est celui de l'exploitation des populations africaines locales par les Occidentaux qui retient le plus l'attention. Bien que l'esclavage ait été aboli par la France près de 100 ans plus tôt, plusieurs scènes du roman rappellent inévitablement des pratiques supposément révolues. Aux côtés d’Ovila, le lecteur découvre avec horreur les punitions infligées aux « travailleurs » qui n'atteignent pas les quotas de récolte ainsi que les dommages collatéraux de ce système. C'en est révoltant.
Quant à l'aventure du héros, les péripéties et le suspens sont bien répartis dans le roman. Tout commence avec la mort suspecte d'un Blanc sur le bateau. Le commandant prétend que c'est une panthère qui en est à l'origine, mais la jeune amie congolaise d'Ovila sait bien que c'est un mensonge. Et tout déboule jusqu'à l'épilogue, bien ficelé, en mettant toujours les enfants au coeur de l'aventure. Si l'intrigue de Ténèbres est moins rocambolesque que celle des deux premiers tomes de la série, elle en regagne néanmoins par sa profondeur sociale et historique, à l'instar de Plutonium.
Avant de tourner la dernière page, l'auteur conclut avec quelques notes. Il y a eu l'esclavage. Puis le colonialisme. La fin de celui-ci signe-t-il pour autant la fin des torts que l'Occident cause à l'Afrique? Il y a matière à réflexion...
Difficile d'étirer la sauce quand une série a autant à explorer; vivement le cinquième tome : Cicatrices!
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