Sébastien n’aime pas s’ennuyer. Il n’aime pas non plus le prof de français, un homme maniéré qu’il compare à une danseuse de Flamenco. C’est pourquoi, avec l’aide de ses meilleurs amis, il lui organise une petite fête surprise à l’occasion de son anniversaire, ballons remplis de paillettes à l’appui. La blague est drôle, mais la conséquence… démesurée. Sur la suggestion de Vaillancourt, le directeur oblige en effet Sébastien à assister à toutes les rencontres du club littéraire de l’école, sinon il sera exclu… ce qui rendrait son père fou de rage.
Sébastien accepte donc de s’y rendre, mais n’a pas l’intention de vraiment lire les livres au programme et affiche toute sa mauvaise foi. Toutefois, son attitude change quand il se rend compte que la magnifique Sabine Sanfaçon préside ces rencontres… et qu’il se retrouve lui-même pris au jeu !
Camille Bouchard parle d’adolescence, d’école secondaire, d’autisme et d’amour dans ce bref récit constitué de courts chapitres qui mettent la lecture au cœur de l’histoire. Pour tous les lecteurs.
Les vendredis ennuyeux de Sébastien Landrieux est le 100e roman de l’auteur Camille Bouchard et, à cette occasion, il signe un hommage à la littérature jeunesse franco-canadienne, entrainant son personnage à la rencontre de multiples auteurs et lui permettant de peu à peu quitter ses idées reçues pour découvrir que lire… peut être agréable, oui, oui !
« Il n’en revient pas. Jamais Thibault ne le croira lorsqu’il lui racontera ça. À moins qu’il ne le lui dise pas. Pour qui va-t-il passer si ses copains apprennent qu’il a trouvé de l’intérêt à lire un livre ? Et pas juste un, à bien y penser, c’est son deuxième. »
Les extraits de roman qui ouvrent chacun des chapitres, tirés d’œuvres diverses, ainsi que l’évolution de l’attitude de Sébastien envers la lecture forment la partie qui m’a le plus plu dans le roman. Il faut dire que le personnage part de loin, lui qui a de la difficulté à lire plus de deux pages de suite et ne comprend pas au départ comment un gars peut aimer un roman écrit par une femme. Le voir évoluer, et rencontrer en même temps une foule de livres jeunesse qui peuvent en effet susciter l’amour de la lecture (Les moustiques de Jocelyn Boisvert, Les trois lames de Laurent Chabin, Rohingyas d’Elizabeth Turgeon, entre autres) est très chouette. De même, j’ai aimé découvrir le personnage de JP, autiste qui ne parle jamais, mais dessine des scènes de ses lectures. Si Sébastien ne voit d’abord en lui qu’un « mongole », leur relation devient de plus en plus importante et intéressante. Comme quoi, derrière les apparences se cache souvent plus de richesse que prévu… de part comme de l’autre.
Bref, l’idée est chouette et l’intrigue, efficace. Toutefois, je suis moins sure du traitement. Camille Bouchard cherche à créer le décalage entre Sébastien et les autres en le faisant s’exprimer avec une langue très orale et remplie d’erreurs au départ, mais plusieurs de ses expressions sont aussi datées (un ado qui s’exclame « chiotte » ou « au nom du ciel », ça fait un bout que je n’en ai pas croisé). Si d’autres sont plus actuelles, le côté vieillot du départ (que n’aide pas la couverture) rend l’accroche plus difficile, du moins dans les premiers chapitres. Ne vous laissez pas prendre et persévérez, parce que, hors la lecture et le rapport à la différence, Camille Bouchard a aussi concocté une histoire qui pourrait ressembler à de la romance et a nourri sa trame principale avec les soupçons de Sébastien à propos de Vaillancourt, beaucoup trop tactile avec ses élèves (juste les filles). On n’a donc pas le temps de s’ennuyer dans les 168 pages bien remplies de ce roman qui éveille sans aucun doute la curiosité… et donne envie de lire les œuvres présentées au fil des chapitres !
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