Dans la tête d'Anna.com

Annabelle a une vie rangée. Sage. Plate, diraient certains. Si elle est heureuse en compagnie de ses trois meilleures amies, l’arrivée d’une nouvelle à l’école, Théa, qui voyage sans arrêt et a habité à plein d’endroits dans le monde, lui montre à quel point sa vie n’a que peu d’intérêt. D’ailleurs, le blogue sur lequel elle la raconte n’est quasiment pas lu. Après avoir essuyé un énième refus de la part de ses parents quand elle essaie de les convaincre d’aller passer le long weekend à New York, Annabelle a une idée : et si elle « romançait » sa vie en la rendant plus dramatique ? C’est ainsi qu’elle devient Anna sur Internet, « la » fille à qui tout arrive toujours. Une chicane avec ses parents ? De la vaisselle cassée. Une visite à Montréal ? Une arrestation et une rencontre dans une pharmacie. Un nouveau à l’école ? Le début d’une romance. Mais la vraie vie est parfois difficile à gérer quand on a une double personnalité…

Après avoir touché au fantastique avec sa série Elsie, Catherine Francœur opte cette fois pour un récit réaliste dans la veine de La vie compliquée de Léa Olivier et le Journal de Dylane, mettant en scène une héroïne « normale » dans son quotidien. Abordant les thèmes de la famille, de l’amitié et de l’amour, l’autrice s’adresse à tous les lecteurs, dès 10 ans.

L’avis de Sophie

L’idée est intéressante et parlera sans doute à plusieurs lecteurs : qui ne s’est pas déjà dit que sa « vie plate » ne pouvait intéresser personne et n’a pas déjà joué avec les limites de la réalité ? Si Annabelle se sent plutôt bien au départ, l’arrivée de Théa vient brouiller les cartes. À côté, elle a l’impression qu’elle a rien vécu. Et l’absence de popularité de son blogue ajoute à son malheur. Voici donc le déclencheur de cette histoire. Mais après ? Après j’ai eu l’impression qu’il ne se passait pas grand-chose. On est dans un quotidien, oui, et il y a des questions d’amitié, des rapprochements amoureux potentiels et une difficulté autour de la notion de secret, mais je n’ai pas été happée par l’histoire. C’est fluide, ça se lit vite et bien, notamment avec le rythme créé par l’alternance entre les dialogues (écrits dans une forme théâtrale), les échanges de textos et le récit plus classique divisé en jours et en heures, mais il manque un je-ne-sais-quoi pour que le livre ressorte du lot. J’ai eu l’impression d’avoir déjà lu souvent cette histoire. Alors oui, si on commence par ce livre, ça fonctionne, mais si on en a lu beaucoup, ça peut devenir redondant. Par ailleurs, bien que l’idée du blogue permette à l’autrice de mettre directement les articles d’Anna dans le texte, c’est malheureusement un peu daté. Youtube ? Oui. Insta ? Oui. Tik tok ? Oui. Mais les blogues ? Peut-être bien, mais les amateurs se font plus rares…

En bref ? Un récit sympathique et fluide qui pose une question intéressante, soit ce qu’on est prêt à faire pour la popularité sur Internet, mais qui aurait pu être davantage poussé.  

Merci à La Bagnole pour le service de presse !