Dans les câbles

Derek Asselin commence sa cinquième secondaire et se cherche. Il vient d’un milieu pauvre, élevé par une mère monoparentale qui a de la difficulté avec les fins de mois. Il a d’ailleurs travaillé tout l’été pour pouvoir l’aider un peu et payer ses frais de scolarité, mais il ne sait pas encore trop ce qu’il veut faire dans la vie, à part sortir de son milieu. Avec son meilleur ami, il assiste le jour de la rentrée à un match de lutte et entend parler d’une nouvelle école pour lutteurs qui s’ouvre près de chez lui. Alors que ce sport l’a toujours intéressé, il n’a jamais cru qu’il pourrait vraiment en faire. L’argent des cours l’inquiète, mais le propriétaire lui offre de l’engager comme concierge, ce qui lui permet de payer ses frais. C’est ainsi que Charles et Derek entrent dans l’univers de la lutte. Mais le premier est bien pressé de performer pour vrai et cherche à sauter des étapes… ce qui n’est pas particulièrement prudent !

Nancy Thomas entraine ses lecteurs à la découverte du monde de la lutte dans ce roman qui présente un univers très masculin tout en faisant une belle place aux personnages féminins inspirants. Écrit dans une langue accessible et composé de phrases courtes, le récit convient à tous les lecteurs.

L’avis de Sophie

Le milieu de la lutte est riche en matière première et peu abordé en littérature jeunesse. On parle aussi moins souvent des familles plus pauvres, de la réalité des ados qui doivent conjuguer leurs rêves avec le manque d’argent. Ici, on voit comme c’est difficile pour Derek, mais Nancy Thomas a fait le choix de mettre de l’avant la solidarité familiale. Alors que pauvreté est souvent associé à violence en littérature jeunesse, le lien de confiance entre la mère et le fils ainsi que leur respect mutuel sont dans ces pages mis en relief par les mensonges de Charles, un personnage intéressant par son côté anguille. Au départ c’est un peu le pilier de Derek, mais on découvre peu à peu comment il manipule la réalité. J’ai bien aimé « ne pas l’aimer » et j’ai hâte de voir comment il évoluera par la suite.

J’ai aussi aimé comment Nancy Thomas intègre les filles à son récit. Si elles ne sont pas en vedette, le héros étant vraiment Derek, elles n’en sont pas moins présentes, fortes, déterminées, des personnages qui vont plus loin que les habituels clichés. Petit bémol toutefois, il m’a semblé au fil du texte que le roman aurait mérité d’être encore plus travaillé. On dit souvent qu’il vaut mieux montrer plutôt que dire, et ici c’est un peu le souci : j’ai parfois eu l’impression d’être prise par la main, que certains dialogues étaient placés juste pour mettre l’accent sur différentes réalités alors que l’autrice aurait pu le montrer autrement, jouer davantage avec la psychologie, aller plus en profondeur. Il se passe beaucoup de choses dans ce roman qui n’est pas si long et une grande place est donnée à la lutte, ce qui est bien, mais il me semble qu’on aurait pu creuser davantage le reste et passer par la mise en scène plutôt que les dialogues parfois plaqués pour donner certaines informations. Ceci dit, c’est une opinion très personnelle et les lecteurs plus portés sur l’action et qui viennent vers ce livre d’abord pour la lutte pourrait voir cet aspect comme très positif ! Lirez-vous ?  

Merci aux éditions Hurtubise pour le service de presse !