Ça s’est passé rapidement, sans signes avant-coureurs. Un jour, le bateau assurant la liaison entre l’ile et le continent n’est pas venu. Les communications ont presque toutes été coupées. La dirigeante de l’ile s’est fait dire qu’elle devait isoler complètement ses citoyens. Empêcher tout individu d’accoster, peu importe les moyens, et décourager ses habitants de rejoindre le continent, même si c’est pour retrouver leurs proches. Au loin, sur la côte, le monde semble en flamme et les quelques témoignages que les iliens finissent par recueillir parlent d’une folie qui s’empare des humains et les fait s’entretuer les uns les autres. Un virus contagieux.
Coincée sur l’ile, la « bande des six » se retrouve prisonnière de cette fin du monde annoncée. Et plus le temps passe, plus les choses dérapent alors que le danger vient de partout. Du continent, des adultes, d’eux-mêmes.
Après Nous sommes l’étincelle et Comme des sauvages, Vincent Villeminot explore de nouveau l’esprit humain et son rapport à la violence, cette fois dans un décor pandémique de fin du monde. Dense dans sa construction, sans concession dans sa langue, il vise les grands lecteurs.
Publié chapitre par chapitre au départ, en pleine pandémie, jour après jour sur Calaméo, L’ile est une prouesse d’écriture autant qu’un roman d’aventures dans un univers réaliste (mais apocalyptique) où tout, même le pire, est possible… C’est à la fois empreint de grands vents, d’immensité, et terriblement angoissant, frôlant parfois l’impression de claustrophobie.
Il y a, oui, cette intrigue autour de cet endroit coupé du monde, de l’appréhension de ce qui s’en vient, de la survie, puis les premiers dérapages qui seront suivis par une véritable fin du monde (et que Vincent Villeminot présente habilement dès de départ sous forme de flash si bien qu’on sait que tout basculera et qu’on est un peu au bout de notre chaise en l’attendant), mais c’est aussi une formidable étude humaine que ce récit. Au fil des pages, le lecteur rencontre une communauté qui essaie d’être solidaire, mais teste les limites entre les désirs et besoins individuels et ceux du groupe, à différents âges d’ailleurs, explore cette idée de sacrifice personnel alors que d’autres refusent de jouer le jeu. C’est diablement d’actualité, je sais, ce qui amplifie aussi la force du récit.
C’est assez sombre, c’est intense, c’est le genre de lecture qui renverse, dérange par moment. Bref, pas un truc léger et je dois dire que je l’ai entrecoupée pour ma part par des livres plus doux parce que j’avais besoin de respirer ailleurs, mais ça reste une lecture que je recommande grandement. Même dans l’extraordinaire, dans une possibilité apocalyptique, elle parle de nous et questionne notre capacité à faire face malgré nos individualités…
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