Bagaa, 11 ans, affronte une situation difficile. Son père, un Irlandais immigré en Australie, est disparu pendant la Première Guerre mondiale, il y a quelques années, et sa mère vient de mourir à la suite d’une piqure faite par un cône géographe, le mollusque le plus venimeux connu. Bagaa est maintenant seule au monde. Avant de rendre l'âme, la mère de la jeune fille lui donne un précieux conseil : en aucun cas, elle ne doit se faire repérer par les Mundugu, les hommes blancs, ceux qui méprisent les Aborigènes, ceux qui les attaquent et les tuent. Commence alors le périple de Bagaa, pendant lequel elle croise une femelle dingo qui l'accompagne tout au long de ses péripéties. Elle rencontre des chercheurs de perles japonais, des Mundugu hostiles et Wan, un géant de la tribu des Yawijibaya qui lui dit qu’elle est le témoin. Malgré quelques réticences, elle le suit et ce qu’elle découvre changera sa vie à jamais.
Le roman Ils ont volé nos ombres est basé sur un fait véridique et la narration par Bagaa permet au lecteur de s’immiscer dans la réalité des Aborigènes, de comprendre leurs croyances et de constater que les enjeux restent souvent les mêmes, et ce, malgré un siècle ou presque de différence. La résilience, le courage et les traditions constituent les principaux thèmes abordés.
La disparition du peuple Yawijibaya demeure à ce jour un mystère non résolu. C’est en 1929 que furent vus pour la dernière fois les quelque trois-cents membres de cette tribu. Ces géants (ils mesuraient près de sept pieds) vivaient isolés sur la côte nord de l’Australie. Bagaa décrit très bien son mode de vie et les relations difficiles entre les Aborigènes et les Mundugu, les Blancs. Bien que l’histoire se déroule dans la première partie du XXe siècle, on réalise que ce récit est toujours d’actualité, c’est-à-dire que la différence et l’inconnu font parfois encore peur et mènent à des actes violents.
Autre élément intéressant, c’est en pleine pandémie de la COVID-19 que Bagaa, âgée de 102 ans, raconte ses années de jeunesse et sa fuite le long des côtes australiennes à la suite du décès de sa mère. Les quelques allers-retours entre le passé et le présent mettent en perspective les points communs des deux époques. Les confinements répétés ont permis à plusieurs de revenir à ce qui était essentiel et c’est ce qu’on retrouve dans le roman de Jean-François Chabas : l’amour de la nature, la simplicité de la vie, le respect des traditions.
Bref, le mélange entre faits historiques et fiction est tout à fait réussi!
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