L’enseignante ne semble pas particulièrement concernée quand elle explique à ses élèves que des femmes ont été accusées de sorcellerie et tuées dans la petite ville de Juniper. Mais cette information met le cerveau d’Addie en ébullition. Autiste, victime d’incompréhension dans sa classe, la jeune fille développe une passion pour ces femmes injustement traitées et décide de mener une bataille pour leur faire ériger un mémorial qui rappellera à tous que ce n’est pas la différence qui est dangereuse, mais bien l’intolérance.
« Je ne souffre pas d’autisme. Je suis autiste. »
Écrit à la première personne, ce court roman permet à son lectorat de vivre de l’intérieur l’hypersensibilité de son héroïne tout comme les préjugés de ceux qu’elle rencontre et la dureté de ceux qui l’entourent et qui sont incapables de comprendre l’unicité de son cerveau.
C’est un portrait intimiste et délicat que trace Elle McNicoll dans ce roman. On s’attache très vite à Addie et sa narration nous permet d’appréhender le neuroatypisme de l’intérieur, de voir comment elle pense et, surtout, comment la réaction des autres l’affecte. On sent sa difficulté à nouer des relations avec ses pairs et à être pleinement elle-même, on découvre avec émotion le lien précieux qu’elle entretient avec une de ses sœurs ainées, aussi autiste, qui lui sert de guide face au monde, mais qui, comme le découvrira l’adolescente, lui cache aussi certaines de ses difficultés.
C’est une lecture touchante, assez lente, mais puissante, qui fait un parallèle vraiment intéressant entre les pratiques moyenâgeuses terribles et notre propre regard sur la différence encore aujourd’hui. Elle montre aussi que certains enseignants peuvent créer des ravages. Difficile en effet de trouver des excuses à l’enseignante d’Addie, même si on comprend bien entre les liens qu’elle a peur de ce qu’elle ne connait pas et cherche (malheureusement coute que coute), à faire entrer l’anormal dans un cadre qui lui semble plus naturel.
Elle McNicoll, autiste elle-même, fait œuvre utile avec ce récit touchant qui permet à tous de comprendre un peu mieux les étincelles invisibles qui s’agitent derrière les yeux de certains. Espérons qu’il donnera envie à tous ses lecteurs de faire preuve de plus d’ouverture encore !
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