Envoyé dans une école pour garçons après un passage devant le juge, Peter Hawkson cherche sa place entre les groupes déjà formés et les têtes fortes qui le choisissent rapidement comme cible. Mais deux étranges petites fées font leur apparition dans les dortoirs et, lorsque Peter est injustement accusé d’avoir mis le feu à l’infirmerie, elles le guident jusqu’au Pays-de-Nulle-Part, là où on peut voler avec de la poudre magique et où tout est possible… ou presque. Parce que les dangers sont aussi nombreux dans ce monde que dans l’autre et que la terrible capitaine Jolly Roger cherche par tous les moyens à assouvir sa haine…
Prenant le parti de raconter le Pays-de-Nulle-part avant l’histoire bien connue de Peter Pan, Arnaud Druelle a su mêler habilement chronique sociale, psychologie, aventure et magie dans un récit dense qui fait réfléchir tout en divertissant. Pour un lectorat intermédiaire et avancé.
Même si Flore Vesco m’a réconciliée avec les réécritures, j’ai parfois peur quand on touche aux univers qui ont bercé mon enfance. Toutefois, si Arnaud Druelle revisite le Pays Imaginaire et nous présente sa vision de Peter, son intrigue se situe bien avant l’histoire connue, ce qui a deux grands avantages : la création d’un sentiment de nouveauté, d’abord, avec une redécouverte de l’univers, mais aussi, et surtout, des explications intelligentes et fascinantes qui expliquent les caractères de tout un chacun par la suite (Crochet, notamment, pour ne nommer que lui).
J’ai tout de suite accroché à son Peter et aux autres personnages d’orphelins qu’il entraine dans le pays imaginaire. Il faut dire qu’Arnaud Druelle a su les présenter efficacement alors qu’ils sont dans le monde « réel » et se côtoient à l’orphelinat, attribuant à chacun un caractère défini et une histoire personnelle qui permet de leur donner de la profondeur. Il a par ailleurs ainsi ancré son roman dans le contexte historique et social de l’époque (et en a profité pour faire un clin d’oeil particulièrement réussi à un autre récit bien connu). Ce début plus dur est à l’image du reste : sachez-le, ce n’est pas une histoire pour enfants. Si la violence n’est pas gratuite, elle n’en est pas moins présente, et quelques passages plus sombres se glissent entre deux moments plus légers où la magie, les lutins et la poussière de fée s’invite. Au final ? C’est une oeuvre riche, portée par une écriture fluide, qui permet d’expliquer certaines motivations de personnages connus, mais nous offre aussi l’occasion de découvrir plus en profondeur de Pays où l’on ne grandit pas…
Le petit plus ? Le récit, moderne, laisse une grande place à un personnage féminin fort, la terrible Jolly Roger, pirate au coeur noir qui ne fait pas les choses à moitié, et sa présence est bienvenue dans un univers plus masculin. Belle idée !
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