Sam aurait pu s’écrouler quand les médecins découvrent qu’un cancer s’est niché à l’intérieur de sa mère, mais l’adolescente se retrousse plutôt les manches. S’assure que la maison roule bien et que sa mère ne vit pas de stress, balayant sous le tapis les tracas du quotidien ou les bêtises de son jeune frère. Quand le cancer s’étend, créant des métastase dans tout le corps de sa mère, Sam cherche encore des solutions. Un nouveau programme suisse lui semble être parfait. Et réunir les 400 000 dollars nécessaires à sa réalisation n’est pas vraiment un problème, non ? Il suffit de trouver un plan et de plonger. La tête bien enfoncée dans le sable.
De retour à la littérature pour adolescents, Julie Champagne aborde le thème du cancer et de ses répercussions dans une famille dans ce livre foisonnant. Pour un lectorat intermédiaire et avancé.
Oh que j’étais heureuse de retrouver Julie Champagne en littérature pour adolescents. En effet, l’autrice, aussi rédactrice en chef par intérim du magazine Curium, a un don bien particulier pour créer des ados auxquels on croit tout de suite (comme dans HackerBoy et Escouade fiasco) ainsi qu’un humour bien à elle. Par ailleurs, son écriture, notamment dans la construction des personnages, des dynamiques entre eux et l’apport indéniable des personnages secondaires rappelle celle de Susin Nielsen (ce qui ne peut qu’être positif).
La plume de Julie Champagne est toutefois particulière, notamment parce qu’elle est vraiment bavarde et ne fait pas dans l’efficacité, loin de là ! Ainsi, si le décor se plante rapidement dans Cancer ascendant autruche, avec cette maladie qui se développe et la menace qu’elle fait planer au-dessus de la famille, sa narratrice, elle, va dans tous les sens, ajoutant un commentaire sur ci, une description de ça, un lien avec cela encore au fil du récit, essoufflant parfois son lectorat.
Autant j’avais hâte de retrouver cette autrice, autant je dois avouer que j’ai mis du temps à aimer Sam. En effet, ses multiples comparaisons et digressions me donnaient l’impression de glisser sur elle, de ne pas accrocher, comme si elle me gardait en périphérie, que je n’arrivais pas à savoir vraiment qui elle est. Mais attention, il ne faut pas abandonner ! En effet, si la magie met du temps, elle se produit quand même et la fin permet de poser un autre regard sur le début. Sam ne nous laisse pas approcher, mais ces fioritures font écho à la muraille qu’elle se crée pour éviter de voir la réalité. Et quand celle-ci se fissure, le mur de verre qui garde ses lecteur.trice.s plus éloigné.e.s éclate aussi, sachez-le.
Tout n’est pas parfait, j’aurais par exemple aimé en savoir un peu plus sur Rémi, le meilleur ami un peu transparent, dont on comprend l’homosexualité sans jamais vraiment la rencontrer, qui apparait à certains moments précis, mais est laissé sur le côté trop souvent. En réalité, à l’image de son personnage, Julie Champagne se concentre sur la famille, là où est le coeur, l’urgence. Et encore une fois, je ne peux que saluer la forme qui fait écho au fond. Chapeau !
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