C’est plus fort qu’elle, il faut qu’elle baise. Quand son monstre n’est pas apaisé, il ravage son intérieur. Alors lorsque son copain la laisse, Floriane devient incontrôlable. Et elle a beau savoir qu’elle se met en danger, elle a beau se dégouter elle-même quand elle manque de respect à ses ami.e.s et à elle-même, elle n’arrive pas à s’arrêter. Parce que c’est le seul moment où ça efface le reste. Où elle peut oublier, entre autres, son père et son amour particulier.
Abordant le trouble du comportement sexuel compulsif à travers le récit d’une adolescente d’origine haïtienne agressée sexuellement dans sa jeunesse, Dïana Bélice vise ici un public avisé, certaines scènes étant explicites.
Il y a plusieurs éléments importants dans ce roman. D’abord, oui, le thème principal, alors que le terme « nympho » est employé à toutes les sauces dans la réalité (et bien souvent de façon péjorative) et qu’il faut faire la part des choses entre les femmes qui ont un grand appétit sexuel, tout simplement, et le genre de situation décrite ici, alors que Floriane ne contrôle pas ses pulsions, qu’elle se met en danger pour apaiser son besoin criant.
Écrit au « je », le roman permet de vraiment s’immiscer dans la tête de la narratrice et de voir d’abord comment elle perd pied face à ses pensées, à ses désirs, mais aussi ensuite de comprendre tout ce qui l’empêcher d’aller chercher de l’aide, notamment parce qu’elle vient d’une culture où il existe encore beaucoup de tabous.
Ce choix concernant l’origine de Floriane, en plus d’offrir un vent de nouveauté, est un véritable plus puisqu’il permet à la narratrice d’aborder des thèmes complémentaires vraiment pertinents, tels que le plus grand contrôle de soi-même qui est demandé à Floriane étant donné sa couleur de peau, mais aussi tout ce qui est accepté, toléré, tu dans sa communauté.
Par ailleurs, j’ai trouvé intéressant que Dïana Bélice ajoute un nouvel angle en lien avec la sexualité problématique via le personnage de Chad. Celui-ci, accro à la porno et incapable d’avoir une relation sexuelle « normale » bien qu’étant plein de gentillesse et de bienveillance dans le reste des sphères de sa vie, permet à l’autrice de parler des impacts des visionnements trop fréquents, mais aussi de la naïveté de certain.e.s et de la communication nécessaire entre tous partenaires pour qu’une relation sexuelle soit agréable.
Bref, ce n’est pas pour tout le monde, c’est cru, tout comme ce l’est toujours dans la collection Tabou, mais c’est aussi un roman éclairant sur plusieurs plans. Bonus, l’écriture de Dïana Bélice y est très fluide, ce qui fait que le livre « coule » et se lit rapidement. À découvrir.
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