Lucie vient rendre visite à son père en prison pour la première fois. Mais pas pour lui faire plaisir ou encore pour lui pardonner, non. Pour lui montrer que, malgré tout ce qu'il lui a fait, elle a survécu. Elle a grandi, gagné en force. Et ne le laissera plus jamais décider pour elle.
Publié dans la collection « Court toujours », qui propose de courts récits en trois versions, papier, numérique et audio, ce texte coup de poing signé Séverine Vidal parle d’inceste et de résilience sans fard, mais avec pudeur.
Le dernier roman que j’ai lu sur l’inceste, Les longueurs (qui vient d’ailleurs de gagner le prix Vendredi), m’avait laissée mal à l’aise plusieurs jours et je n’étais pas certaine d’avoir envie de replonger dans une histoire à ce sujet, connaissant par ailleurs la propension de Séverine Vidal pour mettre l’émotion au cœur de ses récits. Je me suis néanmoins lancée dans cette courte plaquette et… si j’en suis ressortie soufflée, j’étais aussi plus apaisée.
Pas que le propos soit moins dur. Lire à propos de l’inceste est toujours intense (les prédateurs sont des êtres qui me font vomir), mais l’emphase est mise ici sur l’après. Oui, on voit les mécanismes du départ qui ont fait que cet abus a commencé, mais c’est surtout la force de cette héroïne qui revient devant celui qu’elle ne considère plus que comme son géniteur pour lui montrer qu’elle n’est plus sa victime qui est mise en valeur. En vérité, Plus jamais petite est une histoire sobre qui dévoile certaines choses, mais sans aller trop loin dans les détails, juste assez pour faire comprendre l’indicible, l’horreur, juste assez pour qu’on saisisse pourquoi Lucie a voulu changer de nom, pour grandir loin. Si le propos est dur, le roman offre aussi de l’espoir à celles et ceux qui le liront notamment grâce à la réaction de la mère lorsqu’elle découvre ce qui se produit et qui a tout de suite un instinct de protection. Ce n’est pas toujours le cas, malheureusement, mais il y a des gens dans l’entourage qui peuvent bien réagir et aider, ce qui est le plus important.
La petite info en plus : ce texte est d’abord paru en 2010 aux éditions Oskar, mais on peut noter des changements, par exemple une actualisation des noms en référence à la culture populaire, si bien que c’est tout à fait dans l’air du temps !
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