Comment font tous les autres, pour qui l’entrée au secondaire semble si facile? Après l’anxiété des premières semaines retombée, après s’être fait de nouveaux amis et après avoir dompté son cadenas, la narratrice pourrait espérer une adaptation réussie. Pourtant, entre les notes de cours, les devoirs et les examens, l’adolescente coule.
« J’étais épuisée
avant même
la sonnerie
du réveil. »
Pour éviter de se noyer, elle affronte un marathon... chaque jour. Mais décidément, il y a quelque chose qui cloche avec elle.
Mon tourbillon invisible est le second livre de poésie de l’autrice Sophie Gagnon-Roberge. Par ce court texte tout public paru dans la collection Unik de Héritage jeunesse, la créatrice de Sophielit.ca aborde le thème des troubles du déficit de l’attention à l’adolescence.
« Concentre-toi. Organise-toi. Fais plus d’efforts. Fais mieux. »
Mon tourbillon invisible révèle brutalement l’impertinence de ces conseils, malgré leur source probablement bienveillante. Sophie Gagnon-Roberge expose une constatation fréquente dans le milieu : le système peine à prendre soin de tous ses élèves. Particulièrement ceux qui ont des difficultés d’apprentissage. Et peut-être particulièrement les filles en difficulté d’apprentissage (qui sont, toutes proportions gardées, beaucoup moins référées par les enseignant.e.s pour une évaluation ou du soutien). Il met aussi en lumière les préjugés répandus sur les filles et le TDAH, tout en les écorchant au passage. Faute de moyens et de ressources, les enseignant.e.s, déjà débordé.e.s, s’en réduisent trop souvent à de tels encouragements creux.
Je m’éloigne toutefois. Ma perspective d’enseignant n’est pas celle que l’autrice met de l’avant dans cette histoire. C’est plutôt celle d’une adolescente dépassée et déçue d’elle-même qui ne sait vers qui se tourner. Les lecteurs.trices la suivent dans son cheminement, ponctué de doutes, de réflexions et de craintes. Son désespoir résonne aussi fort que ses efforts, le tout joliment porté par la poésie de l’autrice. On ne peut que compatir et vouloir mieux la comprendre. Heureusement, l’empathie d’une enseignante plus avisée et certaines anecdotes familiales déformées par les préjugés viendront aiguiller la narratrice. Comme chez les autres textes que j’ai lus de la collection Unik, l’espoir réussit à percer le brouillard initial.
L’autrice explique la genèse du livre en postface. On y apprend qu’elle-même et sa fille, nouvellement entrée au secondaire, ont été sa source d’inspiration. J’ai beaucoup été touché par son histoire personnelle, surtout quand elle raconte comment son adolescente a été émue par ses mots et leur justesse. Je partage son avis, et j’ai hâte de mettre ce livre dans les mains de jeunes en difficulté!
En bref, en plus d’être porteur d’espoir pour les adolescents qui vivent des difficultés, Mon tourbillon invisible rappelle durement aux adultes le devoir qu’ils ont de prendre soin de tous les jeunes. J’espère qu’un jour, on pourra lire ce livre en se révoltant d’une époque révolue.
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