La théorie ratée de l'évolution

Le Collège Charles-Darwin est réputé pour accepter les cas difficiles et sa pédagogie pour le moins alternative, les animaux de compagnie étant invités à suivre leur maitre en tout temps. C’est pour ces deux caractéristiques que Coralie et Carma y sont d’ailleurs accueillies en première secondaire. La première est connue pour ses troubles de comportement, la deuxième, pour sa cleptomanie. Pour chacune, c’est l’occasion de repartir à neuf… ou pas. Il faut dire que leur première rencontre a lieu alors que Harry, le chien de Coralie, tient Chava, le chat de Carma, dans sa gueule, ce qui n’aide pas les deux adolescentes à bien s’entendre. Forcées de cohabiter suite à une erreur de questionnaire, les deux tenteront de tirer leur épingle du jeu… chacune à leur façon !

Écrit à quatre mains, La théorie ratée de l’évolution parle d’adolescence, d’école, d’amitié et de rivalité avec beaucoup d’humour et d’authenticité. Pour toustes.

L’avis de Sophie

La couverture est intrigante et créative, mais je ne suis pas certaine que son côté sobre représente bien l’intérieur, qui est assez éclaté. Jeune dans le ton, mais aussi mature par moment, à la fois sensible et drôle, original tout en utilisant des codes classiques, ce roman se distingue par sa dualité, entre autres parce que chacune des deux autrices assure une narration avec sa couleur et son ton, chacune collant d’ailleurs tout à fait à son personnage.

Dès le départ, on comprend que Coralie est plus du genre « bulldozer » (à l’image de son chien) et que le rêve de Carma est sans doute que la cape d’invisibilité existe. Des caractères aux antipodes qui devront (tant bien que mal) cohabiter, ce qui promet (notamment avec la liste de « bonnes idées » de Coralie). On trouve dans ce récit les thèmes habituels des romans jeunesse qui se passent à l’école (rivalité, amitiés changeantes, potentielles histoires d’amour), mais ce qui nous varie, c’est le cadre. Il y a l’école elle-même (qui rappelle certains des pensionnats qu’on retrouve dans des livres anglais ou américains), la coupure totale ou presque avec l’extérieur, les enseignants (j’adore la bibliothécaire) et les surveillants hyper présents, mais il y a aussi l’aspect « animal de compagnie » qui vient ajouter un vrai côté original au récit. Est-ce que c’est crédible ? C’est en tout cas difficile à croire, mais cette école fait rêver !

À plusieurs reprises au fil de ma lecture je me suis fait la réflexion que les plumes des deux créatrices se marient vraiment bien et se contrebalancent. Carine Paquin est efficace, on a l’impression que tout va plus vite dans les passages concernant Coralie et les faits sont limpides. Chloé Varin est pour sa part plus dans la description, et c’est comme si le temps ralentit dans les chapitres de Carma, que tout est plus éthéré aussi, ce qui correspond à son personnage. Je n’ai pas de préférée même si je suis clairement #teamchat, car, dans les deux cas, les adolescentes sont hyperincarnées, attachantes de par leur caractère et grâce à leurs difficultés. Malgré certaines petites faiblesses dans l’histoire, notamment autour d’une clé volée qui disparait trop vite des radars pour que ce soit crédible ou des personnages secondaires qui sont parfois changeants (Gabi, entre autres, se faufile comme une anguille entre les deux plumes, mais ne semble pas toujours cohérent avec lui-même), j’ai été emballée par cette histoire et j’ai vraiment hâte de lire la suite !

Le petit plus ? Les deux autrices dédicacent le livre à « nos enseignants du secondaire qui nous ont fait vivre l’enfer » (et remercient les autres en leur précisant qu’ils peuvent le lire aussi) et on comprend pourquoi au fil du récit alors que la pédagogie présentée est vraiment intéressante. OUI il y a des alternatives à la répression face à des comportements difficiles et je pense que certain.e.s devraient en effet s’inspirer de plusieurs des scènes décrites ici. Bravo !

Psst ! Le tome 2, Exercices pratiques, est paru et j'en parle ici ! 

Merci aux Malins pour le service de presse !