Mathis Quelquechose

Quand on passe de famille d’accueil en famille d’accueil, qu’on sert souvent juste de punching bag à des gens qui sont plus intéressés par le chèque de la DPJ que le lien affectif, il est difficile d’espérer un avenir lumineux. Alors quand sa travailleuse sociale lui parle d’une nouvelle famille après qu’il ait vécu l’enfer dans la dernière, Mathis n’y croit pas. Il préfère fuguer, essayer de se débrouiller seul. Mais l’intervenante est coriace et le couple qui l’attend… surprenant. Et si Mathis avait enfin droit à une vraie chance ? Et si ce qu’il trouvait avec ce couple meurtri par la vie pouvait lui fournir les outils pour régler ses comptes avec son passé ?

Récit psychologique qui parle de la réalité de jeunes en familles d’accueil, mais aussi et surtout de résilience, de deuxième chance et de boxe, Mathis Quelquechose vise un public intermédiaire.

L’avis de Sophie

« Ce qui compte, ce n’est pas la force des coups que tu donnes, c’est le nombre de coups que tu encaisses tout en continuant d’avancer. Ce que tu arrives à endurer tout en marchant la tête haute. »

Cette citation de Ricky Balboa qui clôture le prologue représente bien cette histoire même s’il faut un moment pour que la tête du personnage principal se relève. En effet, Danielle Boulianne commence par nous montrer Mathis dans toute sa désillusion, lui dont le parcours fait écho à ce qu’on entend dans les médias à propos de certaines déroutes à la DPJ. Mathis est usé par la vie, intimidé par son « frère d’accueil » et il ne croit plus que cette famille normale et aimante que son intervenante ne cesse de lui promettre existe vraiment.

J’ai tout de suite eu de l’empathie pour lui, mais j’ai aussi eu un peu de difficulté à connecter avec le personnage, notamment parce que sa « voix », la narration, sonnait parfois un peu trop adulte, à la fois dans le vocabulaire et dans le ton. Oui, je ne doute pas qu’une telle vie fait prendre de la maturité plus vite, mais on sent la distance entre Mathis et son histoire. Comme si c’était le Mathis adulte qui prenait la parole. J’ai néanmoins continué et j’ai bien fait puisque la deuxième partie m’a semblé plus solide alors qu’on entre dans l’univers de la boxe et que Mathis s’outille pour faire face aux obstacles ainsi que pour rendre des coups à cette vie qui ne l’a pas aidé jusque là. Les émotions sont à fleur de peau parce que sa nouvelle famille affronte aussi ses propres difficultés, mais on sent que Danielle Boulianne aime profondément son Mathis et l’amène vers la lumière, offrant du même coup de l’espoir aussi à son lectorat. Oui, il est possible de s’en sortir, même si ça semble bien compliqué.  

Merci à Soulières éditeur pour le service de presse !