Pourtant, ils ont fait attention et ont vite remarqué l’erreur, mais il suffit de peu pour que quelque chose s’installe, grandisse. Et quand les deux barres apparaissent sur le test d’Adèle, aucun moyen de faire pause. Il faut prendre une décision, vite. Garder ce bébé ou avorter ? À ses côtés, il y a Nilo qui promet de la soutenir quoi qu’elle décide, mais voilà, Adèle n’arrive pas à choisir. Parce qu’elle ne se sent pas prête pour être mère à dix-sept ans, ça non, mais en même temps il y a cette ombre, ce secret, et cette impression qu’elle a peut-être au creux du ventre l’occasion de réparer le drame dont personne ne parle.
Récit poétique dont l’écriture épouse la forme brute de l’émotion et se ponctue parfois de calligrammes, Pleurer pour un rien, c’est déjà pleurer parle de grossesse adolescente et de possible avortement, mais aussi d’amour, d’amitié et de deuil. Pour un lectorat intermédiaire.
Alerte coup de cœur ! Je pense que ce roman vient de prendre la tête des livres que je préfère sur le sujet, tels Missouri 1627 et Dans le ventre d’Alice. C’est dire comment cette lecture m’a fait de l’effet. En même temps, tout y est : l’intrigue puissante autour du choix, dans laquelle est enroulée celle d’un secret qui détruit par son silence, la force de l’écriture, la forme de la présentation et la justesse, en tout temps.
En effet, Chloé Lume touche à l’universel quand elle raconte cette histoire et qu’elle explore les émotions qui traversent Adèle. Dans son incapacité à prendre une décision, dans sa révolte devant la posture vraiment plus aisée de Nilo, dans sa discrétion face au deuil qu’a affronté (et affronte encore) sa famille, dans sa façon d’aller chercher du soutien chez son grand frère de qui elle s’est éloignée, dans sa peur de l’avenir, celui que les autres imaginent pour elle et celui qu’elle n’arrive pas à rêver elle-même. L’autrice a par ailleurs brillamment entremêlé un drame familial peu commun (et pourtant plus qu’on le pense) à cette histoire, en dévoilant peu à peu son ampleur et ses répercussions, ce qui vient donner un deuxième niveau au choix d’Adèle, niveau qu’elle ne comprend pas elle-même, mais qui finit par tout éclairer. C’est très très beau, et je ne vous ai pas encore parlé de la forme poétique qui vise l’essentiel, mais se déploie aussi à travers quelques calligrammes finement conçus, qui tombent pile-poil chaque fois et font l’effet de petites friandises sur le parcours. Bref, c’est un des plus forts livres sur la grossesse adolescente que j’ai lus, mais c’est aussi vraiment plus que ça. J’ai d’ailleurs pleuré à chaudes larmes en cours de route, soyez averti.es !
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