Quand Marie quitte l’Ouest canadien pour rejoindre sa marraine au Québec, en 1901, elle prend le train avec le journal intime de sa grand-mère, Florence. Cette dernière y raconte sa vie alors qu’elle avait 17 ans et venait d’arriver à Ste-Cécile, où elle rencontra Maybel, une jeune fille qui détonne dans le petit village. Un jour, un anglais mystérieux arrive sur l’île avec son fils, William Grant, qui portait un masque de cuir sur le visage. Maybel est tout de suite intriguée et veut apprivoiser celui que tout le monde au village qualifie de Bête. Mais les cicatrices du jeune homme sont profondes et la Belle devra user de beaucoup de patience afin d’instaurer entre eux la confiance nécessaire au développement de l’amitié... C'est ce que Marie découvrira au fil du récit de sa grand-mère et aussi ce qu'elle aura envie de vivre elle-même en arrviant au Bic.
Là où la mer commence reprend les codes du conte de fées de la Belle et de la Bête pour présenter une histoire d’amour plus grande que nature. Les descriptions sont nombreuses afin de recréer l’ambiance du Bic et les personnages s’apprivoisent, donc les actions sont peu nombreuses. Cette lenteur convient davantage à des lecteurs assez avancés.
Mon avis
J’ai lu cette histoire à sa sortie, alors que j’étais moi-même adolescente, et j’en garde un vif souvenir. Celui d’être transportée par une histoire d’amour touchante et grandiose et celui d’avoir eu une folle envie d’aller visiter le Bic pour voir ces paysages que Dominique Demers a si bien décrits dans son roman. Ces derniers font d’ailleurs beaucoup pour introduire une ambiance mystérieuse, pour créer une communion entre la nature et le récit. Et ils sont magnifiquement exploités au travers des dix découvertes que propose William Grant. Je viens d'ailleurs de relire le roman réédité et je reste avec la même sensation d'une grande bouffée d'air frais.
On découvre l’histoire au travers des yeux de Florence qui tient son journal, mais le personnage principal est Maybel, un être plein de lumière, qui détonne parmi les habitants du village de Ste-Cécile. On sent d’ailleurs tout un côté « roman du terroir » dans cette description des habitants qui sont ancrés dans leurs habitudes et ne savent que dénigrer ce qu’ils ne connaissent pas. Mais c’est un roman hybride avant tout, entre l’histoire et la romance, entre le terroir et le conte de fées. Ainsi, les Grant apportent un certain suspens, le père caricatural dans sa douleur, le fils énigmatique. Cela fait en sorte qu’on ne peut fermer le roman avant de connaître le dénouement malgré que ce soit une histoire lente où la contemplation prend beaucoup de place.
En bref, j’ai beaucoup aimé et je le recommande à tous les romantiques dans l’âme. Un petit plus? C’est un livre qui donne envie de lire, comme le montre si bien cette réplique de William Grant :
« - Ce matin, dit-il, j’ai rencontré un roi. Et hier, un prisonnier enfermé par erreur dans une prison maudite. La semaine dernière, j’ai entendu chanter des sirènes. Je connais un homme prêt à se battre contre des moulins à vent et j’ai déjà assisté à des combats sanglants, à des duels terrifiants, à des massacres hallucinants. Mais j’ai aussi vu des lutins courir dans la forêt à l’aube et j’ai épié des amoureux prêts à mourir l’un pour l’autre. Je sais qu’il existe une mer lointaine hantée par une baleine gigantesque qui a grugé le cœur d’un homme. Je sais également que je ne connais rien encore. Et qu’il ne me suffira sans doute pas d’une vie pour découvrir, en plus de la pluie, des escargots de mer, des hérons et des cormorans, des canards et des cerfs, des étoiles et des lunes, tous les personnages qui ont le pouvoir de vivre dans mon cœur et dans mon esprit. »
Si vous avez aimé, vous pourriez être tenté par Miss Pissenlit et Les Règles du jeu.
Merci aux éditions Québec/Amérique pour le roman!
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