Joey est un cheval. Poulain nerveux acheté par un paysan pour contrarier son voisin, il apprend sous les ordres du jeune Albert, le fils de la famille, à travailler sur la ferme. La bête se prend d’affection pour l’adolescent, qui le lui rend bien. Tous deux sont inséparables… mais la guerre est capable du pire. Pris à la gorge par ses créanciers, le père d’Albert se résout à vendre Joey à l’armée britannique, à l’aube de la Première Guerre mondiale. Le garçon jure de le rejoindre sur le front dès qu’il aura l’âge de s’engager.
Commence alors pour l’étalon la vie douloureuse et cruelle de cheval de guerre, jalonnée par la perte d’êtres chers, autant chevalins qu’humains. Joey servira sous le drapeau anglais, puis allemand, d’abord comme monture dans la cavalerie, puis comme remorqueur d’ambulance sur le champ de bataille, et ensuite comme haleur de canon. Dans un camp comme dans l’autre, il se liera avec des hommes qui, malgré leurs divisions politiques, sont semblables dans leur humanité, dans leurs souffrances, dans leurs espérances. Les années passent, mais jamais Joey n’oublie le petit Albert, son seul et unique maître. Et si un jour, malgré la cruauté de la guerre, ils réussissaient à être réunis?
Ce roman historique, qui traite avec une grande douceur de la guerre, de l’amitié et de la tolérance, est paru dans sa version originale en 1982. Le récit n’a pourtant pas pris une ride en trente ans. Le style sobre, soutenu sans l’être trop, y est sans doute pour beaucoup. La narration est assumée par Joey lui-même (oui, oui, le cheval!). Le vocabulaire équestre n’est cependant pas trop lourd, même pour un lecteur débutant. Une adaptation cinématographique en a été faite par Steven Spielberg, sortie à la fin de 2011.
Mon avis
J'ai lu quelque part au sujet de ce livre : « Un cheval, ça n’a pas de nationalité ». Rien ne pourrait mieux décrire le sentiment qu’on a à la lecture du roman. Joey nous permet d’infiltrer les deux camps avec un regard objectif, et d’apprécier chaque homme rencontré pour ce qu’il est et non pas pour la cause qu’il sert.
J’avoue qu’au départ, la narration faite par Joey m’a déstabilisée, mais on s’y habitue rapidement. De plus, je craignais que ça tombe dans la fable animiste, et que les chevaux se mettent à discuter entre eux. Mais rien de tel ne s’est produit. Bien sûr, Joey a des rapports avec d’autres spécimens de son espèce, mais ils ne se « parlent » pas et conservent leur nature profondément chevaline. C’est plutôt en écoutant et en rapportant les propos des hommes que Joey dépeint la folie de la guerre. Et ses propres souffrances d’animal sont tellement proches de celles que doivent endurer les soldats qu’on en oublie leur différence; chevaux ou humains, tout cela revient au même lorsque la vie est menacée par la guerre.
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Merci aux éditions Gallimard pour le roman!
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