Une pierre précieuse semble toujours plus éclatante lorsqu’elle est présentée sur du métal de moindre importance, non? C’est de ce constat qu’est née l’agence Durandeau, qui loue des femmes laides aux plus fortunées afin que les premières fassent briller les deuxièmes en société. S’y retrouvant suite à un malentendu, Maude Pichon est tout de suite acceptée à cause de son physique quelconque et, si elle refuse un moment de se faire dévaloriser ainsi, la jeune femme tout juste arrivée à Paris ne peut bientôt plus se permettre le luxe de refuser ce travail puisque la vie dans la grande ville coûte cher et qu’elle arrive à peine à avoir de quoi manger. C’est donc ainsi qu’elle se retrouve embauchée par la comtesse Dubern pour servir de repoussoir à sa fille Isabelle à l’aube de sa première saison à Paris afin que l’adolescente puisse séduire un Duc. Mais Isabelle ne sait pas que Maude est louée par sa mère et voit en elle une première amie sincère. Rapidement tiraillée entre la comtesse qui cherche à marier sa fille et qui la paie pour son boulot, et Isabelle, la jeune fille préférant les études au mariage qui est devenue son amie, Maude devra faire des choix délicats…
Roman historique qui a pour décor la frénésie du Paris de 1889, Belle époque s’intéresse à un sujet rare en littérature pour jeunes adultes : la laideur. Inspirée par une nouvelle de Zola, Élizabeth Ross a en effet écrit une histoire remplie de rebondissements à partir de l’idée d’une agence louant des femmes nommées les « repoussoirs » et questionne son lecteur sur l’idée de la beauté et son contraire. Si le roman est accessible aux lecteurs intermédiaires, il semble toutefois plus adapté aux lecteurs avancés.
Belle époque est vraiment un roman surprenant. Il faut dire que la couverture me faisait craindre le pire et que je m’attendais à voir une bonne idée de base sombrer dans une intrigue rose bonbon, mais ce n’est pas du tout le cas. En fait, si l’écriture d’Élizabeth Ross est très différente de celle de Zola et qu’on retrouve des éléments typiques des romans pour ados, rébellion contre les parents, romance interdite, mystère, il y a tout de même dans Belle époque la portée critique qu’il y avait dans la nouvelle de l’auteur français.
En effet, il y a au fil de l’intrigue tout un questionnement autour de la beauté. Ceci est fait grâce à l’agence Durandeau, bien sûr, mais le thème principal trouve aussi son écho dans les commentaires faits sur les toiles du Louvres lorsque Maude les découvre et dans tout ce qui a trait à la photographie puisqu’Isabelle permet au lecteur de découvrir ses balbutiements avec la technique photographique du daguerréotype et que les deux adolescentes ont des discussions intéressantes sur les critères de la réussite d’une photographie.
En outre, il est question de la beauté de la ville avec la partie plus historique du récit qui fait référence aux constructions de l’époque, de l’Opéra Garnier à la tour Eiffel, cette dernière étant dénigrée par l’élite qui trouve qu’elle défigure la ville. C’est une des forces d’Elizabeth Ross, ces références à l’époque. Elle met d’ailleurs en scène de nombreuses scènes où on peut sentir l’influence des toiles des impressionnistes dont le mouvement a connu son apogée juste avant l’époque du roman. En effet, certaines images semblent tout droit sorties de leurs toiles…
Autre point fort, Maude, même si elle est un peu naïve et qu'il m'est arrivée de la trouver trop passive, est captivante à voir évoluer. Si elle perd un peu la tête en ayant accès aux soirées de la haute société, il est intéressant de la voir se débattre avec son amour-propre d’abord, puis avec la source de sa loyauté.
En bref? J’ai dévoré le livre qui offre une intrigue surprenante ! Mon seul bémol va aux trop nombreuses fautes oubliées dans le roman…
Merci à la maison d'édition Robert Laffont pour le roman!
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