Le monde que Jonas connait est simple et carré. Ayant choisi l’Identique depuis longtemps, les habitants des communautés sont habitués à ne pas ressentir d’émotions et à suivre les règles mises en place. Mais lorsque le jeune adolescent est choisi pour devenir le nouveau Dépositaire de mémoire, sa vie bascule. Au contact du Passeur, il découvre ce qu’était le monde avant, quand il y avait la souffrance, la guerre, la faim mais aussi les vraies familles, les couleurs, l’amour. Dès lors, il ne peut plus supporter la vie qu’on lui impose et doit trouver un moyen pour faire éclater la bulle dans laquelle vivent tous les autres…
Dystopie écrite avant que ce terme pour décrire le genre littéraire apparaisse, Le passeur est aussi un roman initiatique qui arrive en peu de pages à poser des questions d’ordres éthique et philosophique et à offrir matière à réflexion. Court et rythmé, il convient à tous les lecteurs.
J’ai lu Le passeur il y a bien longtemps, mais mon souvenir était vague. Aussi, à la sortie du film et du roman Le fils de Lois Lowry, j’ai eu envie de m’y replonger.
En le relisant après avoir lu toute cette vague de dystopies, de Hunger Games à Divergence en passant par de nombreux autres, j’ai pris encore plus conscience de la qualité du travail de Lowry qui met en scène rapidement un monde hyper crédible et n’a pas besoin d’actions délirantes ou de poursuites effrénées pour créer une histoire captivante qui garde le lecteur accroché.
J’ai aussi vraiment aimé l’écriture de l’auteure qui se met tout à fait à la hauteur du personnage de Jonas et rend aussi bien sa docilité du départ que sa révolte quand il voit l’envers du décor dans lequel il vit. De plus, Lois Lowry offre au lecteur une fin surprenante, d’un type rare en littérature jeunesse, poétique et ouverte, capable de susciter le questionnement.
En bref? Une apologie de la liberté, un classique à faire lire, tant pour l’histoire que pour l’écriture.
Nota Bene : Je ne suis pas sûre que je veux voir ce film. Juste en regardant la bande-annonce, j’ai l’impression que l’histoire a été complètement changée, adaptée à une sauce hollywoodienne faite de drames, de déchirements, de poursuite, de meurtre, d’histoire d’amour. En relisant Le Passeur, je me suis justement dit que c’était la force du roman : il n’a pas besoin de tout ça pour être une œuvre intéressante qui sait garder son lecteur accroché. Qu’en pensez-vous?
Contrairement à vous, j'oserais (!) regarder le film. Quelle belle étude comparative ça ferait pour un travail scolaire ou, du moins, pour une discussion (critique). Discussion qui permettrait justement de mettre en lumière la richesse de l'œuvre littéraire.