Confinés à la littérature jeunesse ?

 
Partagez sur Facebook Parlez-en sur Twitter

1er mars 2013

On dit souvent que la littérature jeunesse devrait être une passerelle vers celle dite « pour adultes » et, pourtant, on met souvent des bâtons dans les roues des adolescents qui cherchent à lire autre chose que ce qui leur est proposé dans « leur » section de la bibliothèque ou de la librairie. Il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas si longtemps, la littérature jeunesse n’existait même pas et que les seuls livres que les adolescents avaient à se mettre sous la dent après les œuvres plus enfantines étaient des romans pour adultes. Est-ce que cela a fait de ces jeunes des êtres perturbés? Aucunement!

« Chers amis libraires, plusieurs jeunes lectrices me disent qu'elles veulent acheter La célibataire mais qu'elles se font répondre que la BD n'est pas de leur âge. Je pense que cette BD s'adresse à tout public. Il n'y a rien «d'osé» et c'est rigolo. Bref, chères lectrices, si vous vous faites répondre «ce n'est pas de votre âge», répondez «Rapport?» ;)»

 

- India Desjardins sur Facebook

Nous sommes aujourd’hui dans un autre type d’extrême avec des classifications rigides : 9-12 ans, 14-18, etc, oubliant que ces lecteurs sont plus que des 11-12 ans et qu’ils développent tous leurs goûts et leur maturité à leur rythme. Je me souviens pour ma part de ma frustration de ne pouvoir emprunter les livres classés 13 ans et plus à ma bibliothèque municipale lors de mon adolescence et mon amour des livres de Mary Higgings Clark et d’Alexandre Dumas alors que certains de mes amis ne lisaient que des Gaston Lagaffe ou des romans de la collection Ado de la courte échelle.

Je n’ai donc pas été surprise quand j’ai lu le statut Facebook de l’auteure India Desjardins il y a quelques semaines et je la comprends d’écrire cela en tant qu’auteure qui ne souhaite pas que ses lecteurs soient découragés de se procurer un de ses titres. Je la comprends aussi en tant que lectrice. En effet, quand on s’éprend du style d’écriture d’un auteur, on a souvent envie de lire tout ce qu’il fait. Et les lecteurs sont nombreux à avoir accroché au style unique et charmant d’India. Le premier Aurélie Laflamme, Extraterrestre ou presque, est paru en 2006 et ce fut instantanément un succès, les adolescentes se reconnaissant dans cette héroïne maladroite et un peu gênée mais si rigolote et elles ont accroché surtout à l’écriture d’India Desjardins. Cette dernière est d’ailleurs assaillie à chaque salon du livre ou événement promotionnel.

Ayant envie d’écrire les aventures d’une trentenaire, India le dit elle-même, elle n’a pas voulu prendre un virage adulte, elle a simplement suivi son inspiration. Ayant lu avec grand plaisir La célibataire, je comprends les adolescentes de vouloir le lire et je pense aussi qu’elles auraient grand plaisir à le faire. Après tout, dit-on des comédies romantiques hollywoodiennes mettant en scène des personnages comme Bridget Jones ou Carrie Bradshaw qu’elles ne s’adressent qu’aux adultes?

D’ailleurs, un auteur qui écrit à la fois pour les ados et pour les adultes peut aussi servir de passerelle pour le lecteur. John Grisham avec Theodore Boone, enfant et justicier et Harlan Coben avec À découvert sont allés chercher un public d’adolescents à qui ils ne s’étaient jamais adressés auparavant. Je ne doute pas qu’ils l’ont fait avec l’intention affirmée d’amener ces nouveaux lecteurs à découvrir le reste de leur production. En effet, ceux qui ont aimé ces romans auront sans doute envie d’en avoir plus et ne s’arrêteront pas à l’idée que les autres sont classés « adultes ». Au Québec, André Marois touche aussi aux deux publics et, après avoir lu Les allergiks, j’ai eu envie de voir ce qu’il faisait en adultes.

La littérature pour adolescents n’a-t-elle pas aussi ce but que d’être une passerelle vers autre chose? Après, oui, il se peut que les romans pour adultes soient plus durs, plus violents, plus sexuels. Et il est normal de mettre certaines barrières, ou du moins d’avertir. Mais de grâce, quand il s’agit de titres comme La célibataire qui n’est aucunement subversif et qui se déguste plutôt comme un cupcake juste assez sucré, laissez faire…

Vous avez trouvé une faute ? Oui, j'en laisse parfois passer. N'hésitez pas à me la signaler à sophiefaitparfoisdesfautes@sophielit.ca et je la corrigerai ! Merci et bonne lecture ! :-)
Parcourir les archives

Ajoutez votre voix à la conversation

faelys (01.03.13 à 18 h 48)

je suis bien d'accord avec toi ! si j'achète plutôt des titres de collections jeunesse, il m'arrive aussi d'en proposer bien d'autres à mes zélèves. Et c'est souvent qu'ils me parlent de leurs lecture communes avec leurs parents puisqu'ils se servent là où ils peuvent! Pas de barrières d'âge, parfois des précautions devant des violences ou langue complexe. Un jour un auteur jeunesse m'a dit "il n'y a pas de tranche d'âge dans les livres comme de tailles pour les vêtements, trop grand ou trop petit"!

Nouveau commentaire

(ne sera pas affiché)
Votre commentaire :

Ce site aime la langue française, merci de ne pas trop la maltraiter dans votre commentaire.
ANTI-SPAM : Combien font 2-1, écrit en lettres ?
Réponse : (indice : entrez un chiffre inférieur à deux)
• • • •