Je lis autochtone – Une question de vocabulaire !

 
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1er juin 2024

Coucou l’Europe littéraire, il faut qu’on parle ! Je ne suis pas certaine que c’est à moi de porter ce message et ça fait plusieurs fois que je réécris ce texte, mais j’ai décidé d’y aller comme je le sens, avec honnêteté, transparence et bienveillance, en ce premier juin, qui marque le début du mois de « Je lis autochtone » au Canada.

Parce que tu publies des livres extraordinaires (je n’ai même pas besoin de le dire, tout le monde le sait), chère Europe, et qu’une partie de mon travail, c’est entre autres d’aller en parler dans des classes de partout, mais surtout du Canada. Beaucoup au Québec, mais parfois ailleurs aussi, dans des bulles francophones. Et mon souci, c’est que certains livres ne peuvent traverser l’Atlantique avec moi parce qu’il y a un problème de vocabulaire.

Je ne te parle pas du verlan et du langage « ado » qui diffère selon les régions du monde. Ça, ce sont nos spécificités, ça ajoute une couleur à l’ensemble. Je pense plutôt au vocabulaire connoté, à celui qui est erroné et peut blesser et qui se retrouve, malgré une volonté d’ouverture, dans de nombreuses œuvres.

Les choses changent, en Amérique. Et cela passe aussi par le vocabulaire utilisé. Ainsi, le mot « Indiens » n’est plus utilisé, sauf quand on fait une référence exacte à la Loi sur les Indiens, qui a encore cours au Canada. Le terme « Amérindiens » est aussi proscrit puisque ce n’est qu’une version du premier, les deux découlant d’une erreur factuelle historique remontant à l’arrivée de Christophe Colomb. Seulement, comme cette arrivée qui a elle-même préfiguré l’oppression des peuples déjà présents sur le territoire, ça renforce la connotation colonialiste des termes.

Alors, que dire ? Bien sûr, chaque continent du monde a ses peuples autochtones, donc le terme Autochtones, souvent utilisé en français et traduction la plus courante de l’anglais « Indigenous » (ou de « Native Americans » aux États-Unis), n’est peut-être pas le plus précis. Chaque groupe autochtone ayant sa propre histoire, sa culture et son héritage, la meilleure façon de faire est encore de faire référence à la nation précise du personnage, liée à son emplacement (qu’on peut trouver facilement, notamment grâce à cette carte interactive (mais qui n’est pas complète).

Je pense qu’il est important que cette information circule et qu’elle soit prise en compte. Parce que les mots ont un impact signifiant et que chacun peut faire son bout de chemin pour faire honneur aux histoires et identités multiples des Premiers peuples.  

*Merci à Melissa Baril du Caribou à lunettes et Daniel Sioui, Wendat de Wendake et président de Je lis autochtone, pour la relecture de ce texte !
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