Dans le cadre de la promotion de Résurrection, Edith Kabuya fait une tournée de blogue. J'ai sauté sur l'occasion pour parler avec elle de son rapport à la lecture et de l'influence de cette dernière dans son écriture. Voici notre entretien!
Résurrection s’inscrit dans une mode des livres de créatures zombiesques. As-tu lu beaucoup d’autres romans de ce style?
J’en ai lu qu’un seul, Forest of Hands and Teeth (« La Forêt des Damnés » de Carrie Ryan) que j’ai aimé malgré la fin décevante. Sinon, je regarde plutôt les films et les émissions de zombies, mes préférés étant « Quarantaine », « Dawn of the Dead » et « Walking Dead » (super bon !!!)
Comme tu t'inspires davantage de films ou de séries télé, as-tu l'impression que ton style est plus visuel?
Oui, effectivement, je dois être capable de visualiser parfaitement mes scènes lorsque je les écris. Si j’ai de la difficulté à me sentir « dedans », c’est qu’alors, il y a un problème.
Si tu visualises tes scènes, est-ce que tu apportes aussi un soin particulier pour que le lecteur puisse faire de même? Y a-t-il des trucs pour arriver à rendre "visuelle" une scène?
Je ne sais pas si j’arrive à faire vivre le même effet à mes lecteurs, mais lorsque je décris une scène, je joue sur leurs sens. Si je prends les films d’horreur en exemple, ce n’est pas seulement les monstres qui font peur, mais l’atmosphère, la trame sonore. Notre angoisse est influencée par les sens qui sont manipulés par le film. C’est plus difficile de créer le même effet à travers un livre; il faut donc prendre soin de mettre en place l’atmosphère. Qu’est-ce que le protagoniste voit? Qu’est-ce qu’il entend? Qu’est-ce qu’il ressent? Jouer sur les sens du personnage facilite la visualisation de la scène chez le lecteur.
Tu es aussi une grande lectrice. Est-ce que tes lectures influencent ton écriture?
En général, oui, ça m’influence dans le sens que ça me motive grandement. Je passe mon temps à relire les livres que j’ai adorés, j’étudie le style des auteurs, j’analyse comment ils ont réussi à me faire vivre des émotions, etc… pour moi, lire est non seulement un moyen de s’évader, mais aussi une façon d’apprendre et de s’améliorer.
Par exemple, peux-tu nous nommer quelques auteurs qui ont été une source d'inspiration? Pourquoi ceux-là en particulier?
Orson Scott Card, JK Rowling, Suzanne Collins, Philip Pullman, Suzanne Martel, Bruno Hébert , Daniel Pennac… la liste est encore plus longue, mais ceux-là sont ceux que j’admire le plus, qui ont su créer des mondes riches et magnifiques, avec des personnages complexes et attachants, ainsi que des histoires impossibles à décrocher. Ils m’inspirent parce qu’ils me poussent à écrire mieux, à tenter de les surpasser.
Tes influences sont autant anglophones que francophones. Lis-tu toujours en version originale ou lis-tu aussi des traductions?
Depuis que je peux lire parfaitement en anglais, j’évite les traductions, parce que certaines subtilités se perdent dans la traduction, ce n’est jamais exactement la même chose. Par contre, la seule série que je ne relirai jamais dans sa version américaine, c’est L’Assassin Royal de Robin Hobb.
Pourquoi tu ne relirais jamais ce livre dans sa version américaine?
Parce que la traduction française est absolument magnifique. La qualité des phrases, les mots choisis, le style... c'est si bien traduit que ça se lit comme s'il s'agissait véritablement de la langue originelle. Je n'ose pas toucher la version anglaise. Peut-être que c'est mieux, peut-être pas, je ne sais pas et je ne veux pas le savoir! ;P
Pourquoi as-tu choisi d'écrire en français?
D’une part : je m’exprime mieux dans ma langue natale. Écrire en anglais me prendrait des siècles. Je n’écarte cependant pas l’idée d’essayer un jour.
D’une autre : le français est une langue si riche, si complexe, si belle. Je l’aime.
Quand tu écrivais Résurrection, que lisais-tu? As-tu peur parfois que le style de l’auteur que tu lis influence le tien?
C’est drôle, parce qu’à l’époque où j’ai commencé le premier jet de Résurrection, en 2008, je vivais une grande frustration côté lecture. Tous les romans que je lisais, je les trouvais mauvais. J’ai mis de côté la lecture en me disant « Tant pis, je vais écrire ce que je veux lire ». Résurrection est pour moi le roman que j’aurais aimé avoir entre les mains, avec les personnages que j’aurais aimé connaître, les émotions que j’aurais aimé vivre.
Non, je n’ai pas peur qu’un auteur influence mon style, parce que j’ai mon propre style et je fais tout pour être différente.
Comment faire pour être « différente » ?
Il n’y a pas d’idées « originales », seulement une façon unique de les raconter. Les zombies, les fantômes, l’acte de boire du sang, tout ça a déjà été vu et écrit mille fois, mais il y a toujours une manière différente de les exploiter. Quand j’écris, je cherche tout le temps un moyen de contrer les clichés et si j’arrive à me surprendre moi-même, bingo. Pareil lorsque je me cherche un livre à lire ou une émission à regarder : c’est la façon qu’on me raconte l’idée et non l’idée qui m’attire.
Rafale lecture !
Enfant, étais-tu une grande lectrice?
Ouiiiiiiiiii.
Qui t'a donné le goût de lire? Comment cette personne a-t-elle réussi à développer ce lien entre les livres et toi?
Ma grande sœur. Elle me prêtait tous les livres qu’elle lisait, peu importe leur genre ou leur nombre de pages. Je crois qu’elle me testait. Elle a dû avoir peur quand j’ai lu trois quarts de Shôgun (James Clavell), à dix ans. Ce que j’aimais surtout, c’est que nous en discutions par la suite, nous échangions nos avis, nos critiques. Nous étions notre propre club de lecture à deux.
Quel mot décrit le mieux ta relation avec les livres?
Obsession. Quand j’aime un roman, je n’arrête plus d’y penser, j’en parle, j’en parle, j’en parle, je le relis, je l’analyse, je questionne les motifs des personnages, je recherche sur l’auteur, je deviens fa-na-ti-que.
Quel est ton livre préféré?
La Stratégie d’Ender.
Quel roman a marqué ton adolescence?
Bien obligée de répondre que la série Harry Potter a eu un impact incroyable dans mon adolescence. Je l’ai commencée à douze ans et comme je le disais plutôt, je suis rapidement devenue obsédée. Je squattais les forums de discussions, je lisais tous les essais sur la série, je formais mes propres théories, etc., etc. Ce fut une grande, incroyable aventure. Ça me manque de m’investir autant dans une série.
Quel est le livre sur ta table de chevet?
Averia, de Patrice Cazeault. J’ai hâte de terminer la rédaction des Maudits 2 pour enfin me replonger dedans!
Dans quel endroit préfères-tu lire?
Mon lit.
Si tu étais un livre, lequel serais-tu?
Je ne serais pas un roman, je serais une revue d’actualité littéraire. ;P
As-tu une suggestion de lecture pour ceux qui ont aimé Résurrection?
Fracturede Megan Miranda; il sortira en français aux Éditions Pocket Jeunesse.
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