Entrevue avec Bertrand Gauthier

 
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16 août 2011

J'ai rencontré Bertrand Gauthier le printemps dernier au lancement de Québec/Amérique. Il y était pour présenter le dernier né de sa série Louna s'adressant aux jeunes enfants. Seulement, l'auteur n'écrit pas que des séries pour les plus petits et a plusieurs cordes à son arc. Je suis d'ailleurs tombée sur l'éclaté Carnets d'un réfugié poétique, un roman qui mélange les styles littéraires et les narrations. Entrevue avec un homme porté par une passion! 

Avez-vous écrit Carnets d’un réfugié poétique de façon linéaire?

Non, je ne l’ai pas écrit de façon linéaire. Je l’ai construit comme si chaque chapitre ferait éventuellement partie d’un casse-tête dont je ne connaissais pas l’image finale. 

Est-ce que les différentes formes littéraires se sont imposées d’elles-mêmes lors de l’écriture ou c’était planifié à l’avance?

Les différentes formes littéraires se sont imposées d’elles-mêmes : courriels lyriques pour l’amour et les envolées romantiques de Volcano ; raps revendicateurs pour la révolte de Volcano ; narration plus conventionnelle pour les anecdotes plus réalistes de la vie quotidienne ; mélopées aux accents religieux pour la révolte contre les dieux ; journal intime pour faire connaître l’univers intérieur de Florence Rinaldi.   

Est-ce que la poésie, les courriels, les haïkus permettent une liberté différente qu’une simple narration?

Au niveau de l’écriture, cela permet une plus grande liberté d’expression. Pour le lecteur, cela demande de faire l’effort de sortir du récit habituel qui est chronologique et linéaire. Au final, cela donne un récit éclaté où le lecteur doit lui-même faire les raccords entre les différents éléments de l’histoire. 

Vous dites que vous mûrissez longuement une histoire avant de l’écrire. Trois ans pour les Carnets. Que se passe-t-il durant cette période? Gardez-vous des traces de vos idées?

Je ne prends pas de notes, la matière première mijote intérieurement. Le jour où je m’assois pour écrire, c’est là que le travail commence. Je ne fais pas de plan, je me laisse guider par mon sujet. Mais je dois me faire violence pour m’asseoir car j’ai toujours l’impression de n’être pas prêt. Si je m’écoutais, je ne serais jamais prêt. Alors je ne m’écoute pas toujours.

Qu’aimez-vous dans la réécriture, le peaufinage des textes?

J’adore la réécriture des textes. Étant donné que je ne fais pas de plan, ma première version est plutôt chaotique. Je réécris donc plusieurs fois le manuscrit. Par la suite et pour les Carnets, j’ai fait beaucoup de montage comme au cinéma. 

Vos livres pour les plus jeunes lecteurs sont assez délirants. Peut-on être aussi éclaté dans une littérature pour adolescents?

Plus difficile car les lecteurs de cet âge sont plutôt allergiques à la littérature pour enfants. Ils se voient plus comme des adultes que comme des enfants et c’est normal qu’il en soit ainsi. Et présentement, la mode est au roman médiéval ou au roman de vampires (gothiques). Je suis plutôt dans le genre roman réaliste et poétique. Mes romans sont éclatés plus au niveau de la forme que du fond.  

Est-ce que les rencontres scolaires que vous faites nourrissent votre inspiration?


Assurément. Ainsi, Je suis Louna et je suis une étoile du cirque m’a été inspiré de mes rencontres scolaires. Le cirque prend de plus en plus de place dans les écoles, on passe souvent par le cirque pour faire de l’éducation physique. Et j’ai toujours aimé l’univers du cirque. Alors j’ai plongé avec Louna dans l’univers du cirque. 

Quelles sont les qualités du public jeunesse? Ses défauts?

Les mêmes que les adultes. Tous deux aiment les séries et sont fidèles aux auteurs qu’ils aiment. Leur principal défaut : le marketing entre trop en jeu et détermine trop souvent leur choix de lecture.

Est-ce que votre expérience d’éditeur influence beaucoup votre écriture?

Oui car je ne peux pas faire semblant de ne pas connaître les lois du marché. Mais j’essaie de m’éloigner de ces préoccupations pour laisser libre cours à mon imaginaire créatif. 

Pourquoi dites-vous que l’écriture est un sport extrême?

Je suis sportif. Et quand je fais une journée complète d’écriture, je suis plus courbaturé que quand je fais du sport. La concentration, le fait de rester assis devant son ordinateur, cela implique d’être en bonne forme physique et c’est ce que j’essaie de conserver. Un écrivain peut écrire longtemps, c’est un grand avantage par rapport à un athlète dont la carrière est très brève. Encore faut-il garder la forme. 

Dans le cheminement d’un lecteur, est-ce que la littérature jeunesse est importante selon vous? Pourquoi?

Essentiel, car si on prend le goût de la lecture étant jeune, ce plaisir ne nous quittera plus jamais. Et les jeunes d’aujourd’hui ont la chance d’avoir un vaste choix de livres. 

Rafale lecture !

Enfant, étiez-vous un grand lecteur?

Pas un grand lecteur, j’étais plutôt sportif. Et j’aimais beaucoup lire des bandes dessinées. 

Qui vous a donné le goût de lire? Comment cette personne a réussi à développer ce lien entre vous et les livres?

Personne en particulier. J’ai étudié en littérature et c’est là que j’ai découvert les plaisirs de la lecture à travers certains cours de professeurs plus intéressants et passionnés que les autres. 

Quel mot décrit le mieux votre relation avec les livres? Pouvez-vous nous expliquer ce lien?

Envoûtement. Quand j’entre dans un livre qui me passionne, je me fonds à l’univers décrit, je m’identifie totalement aux personnages et aux situations. Je dirais que je goûte à un plaisir organique.

Quel est votre livre préféré?

Difficile de choisir, il y en a beaucoup dépendant des périodes de ma vie. L’empreinte de l’ange de Nancy Huston pour en nommer un.

Quel roman a marqué votre adolescence?

Les romans de Bob Morane lus en rafale.

Quel est le livre sur votre table de chevet?

J’en ai plusieurs, celui que je vais entreprendre ce soir est Dragonville de Michèle Plomer

Dans quel endroit préférez-vous lire?

Dans mon lit.

Y a-t-il certains livres ou genres de livres que vous êtes un peu gêné d’aimer?

Pas vraiment car, pour moi, la littérature de genre, fait aussi partie de la littérature.

Avez-vous une suggestion de lecture pour ceux qui aiment beaucoup Carnets d’un réfugié poétique?

La solitude des nombres premiers de Pablo Giordano et Le bizarre incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon.
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