Jade a été adoptée en Chine, tout comme Sarah-Lee, une de ses collègues de classe. Mais contrairement à celle-ci, Jade n’est pas devenue une étudiante à qui tout réussit et qui a vu sa beauté s’épanouir à l’adolescence. Rejetée à l’école, Jade se sent aussi comme le vilain petit canard dans sa famille, ses parents ayant eu un petit frère après elle, Hugo, un élève brillant qui semble être la bonne humeur incarnée. Déjà aux prises avec ses démons, Jade voit sa vie basculer quand sa mère, atteinte d’une maladie grave, décide d’avoir recours à l’aide médicale à mourir. Heureusement, l’arrivée d’un nouveau à l’école, un garçon qui a vécu l’enfer de la guerre, pourrait bien l’aider à faire la paix avec elle-même avant que sa mère ne disparaisse…
Camille Bouchard aime varier les genres littéraires, mais cette fois rien dans ce récit ne touche à la science-fiction ou le fantastique. On est ici dans une fiction réaliste qui parle de famille, d’adoption, d’aide médicale à mourir, d’apparence et d’intimidation. Bien que le roman soit accessible en raison de ses thèmes et du vocabulaire employé, la lecture est complexifiée par l’absence de tirets dans les dialogues.
Il y a plusieurs thèmes qui se croisent dans ce récit de Camille Bouchard qu’on peut classer du côté des réalistes-poétiques (les fins de chapitres étant particulièrement jolies) de sa large production. L’adoption et la peur de décevoir ses parents adoptifs, d’abord, Jade étant sans arrêt confrontée à la réussite de son jeune frère, l’enfant naturel du couple. Il y a aussi l’apparence physique de l’adolescente, un peu boulote, avec des traits dysharmonieux, ce qui entraine des scènes d’intimidation à l’école. D’ailleurs, l’auteur a su montrer qu’entre filles, il s’agit souvent de violence psychologique, de remarques au quotidien, une suite d’évènements qui pourraient paraitre anodins, mais qui, mis ensemble, font très mal. Il y a aussi bien sûr toute l’idée de l’aide médicale à mourir et du deuil à faire alors que la personne malade est encore en vie, puis les réfugiés avec l’arrivée de Mohamed.
C’est beaucoup en si peu de pages, mais c’est fait avec un grand doigté, comme d’habitude avec Camille Bouchard, et le récit se tient bien. En fait, les bémols viennent de détails liés à la représentation des ados : une langue trop parfaite, la position des places « cool » dans l’autobus, ou le fait d’appeler Facebook le « réseau social », ce qui garde le lecteur dans le flou alors que le roman aurait pu s’arrimer davantage à la réalité de ses lecteurs. N’empêche que c’est un roman à lire, notamment parce qu’il aborde des thèmes très peu vus en littérature jeunesse.
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