Dernier départ pour l'ailleurs

 
  • Sophie a aimé ce livre
     
  • Partager ce billet
     
  • Fiche technique
Sophie a aimé ce livre

Jeanne est à l’aéroport pour voir s’envoler les avions. Pour se réinventer. Pour sortir de ce cadre trop petit, étriqué, dans lequel elle n’entre plus.

«Jeanne la gentille.

Jeanne l’obéissante.

Jeanne la sérieuse.

Jeanne la souriante.

Jeanne la «je ne cause pas de trouble».

Jeanne la calme.

Jeanne la compréhensive.

Jeanne la douce. »

Elle n’en peut plus de cette vie, de cette impression de ne pas exister aux yeux des autres, de sa famille. Et sur le tarmac, « Jeanne prise 2 est à l’essai », en quête de quelque chose à quoi se raccrocher.

Avec ce roman poétique, Nadine Descheneaux parle de malêtre, de famille, du sort des frères et sœurs d’enfants « différents » qui se voient parfois mis de côté. Avec un vocabulaire simple, mais dans une langue remplie d’images, elle s’adresse aux lecteurs intermédiaires.

Mon avis

Jeanne fait trois voyages à l’aéroport, trois escales qui l’amènent peu à peu à se dévoiler au lecteur, mais aussi à reprendre pied dans sa propre vie.

Il y a d’abord la souffrance. On comprend qu’on accompagne le personnage alors qu’elle en est à son point de fracture, sur le bord de l’abime. Et puis on remonte le fil des souvenirs. Ses parents dont elle a « l’impression de porter le bonheur fragile » entre ses mains, son frère qui « prend de la place. Toute la place. Toujours. Tout le temps » avec sa différence, « son diagnostic [de] trois mètres de long avec plein de lettres mélangées comme si on jouait au Scrabble ». Puis il y a son besoin de trouver quelque chose à quoi se raccrocher. On la sent qui tangue. Partir pour l’Ailleurs, ou pas. Arriver à demander de l’aide, ou pas. Et au fil de ses présences à l’aéroport, on la voit cheminer, remettre en question sa vie, sa peine, sa solitude, son envie de partir. Jusqu’à la finale, plus lumineuse que ce qu’on aurait pu croire au départ.

Pour porter cette histoire bien particulière, Nadine Descheneaux utilise une langue travaillée, courtepointe d’images, et exploite toutes les possibilités de l’aéroport, traçant des parallèles entre la vie qui s’y trouve et les pensées de Jeanne. C’est un récit lent, presque hypnotique, ponctué de passages plus forts, de moments plus introspectifs, toujours avec le fil d’Ariane du départ.

« J’étais venue me reconduire. Je repars avec moi. »

Un livre singulier, inattendu, une œuvre à relire quelques fois, pour la savourer, mais aussi pour en comprendre toute la portée.  

Merci à Soulières éditeur pour le livre!

Billet corrigé par Antidote 9 juste avant d'être publié par Sophie le 10 octobre 2018.

Vous avez aimé le billet ? Procurez-vous le livre…

Dernier départ pour l'ailleurs
Nadine Descheneaux
Sophie a aimé ce livre
sur leslibraires.ca.

Si vous avez aimé, vous pourriez être tenté par...

Carnets de novembre (Les)
Carnets de novembre (Les)
Vous avez trouvé une faute ? Oui, j'en laisse parfois passer. N'hésitez pas à me la signaler à sophiefaitparfoisdesfautes@sophielit.ca et je la corrigerai ! Merci et bonne lecture ! :-)

Ajoutez votre voix à la conversation

Nouveau commentaire

(ne sera pas affiché)
Votre commentaire :

Ce site aime la langue française, merci de ne pas trop la maltraiter dans votre commentaire.
ANTI-SPAM : Combien font 2-1, écrit en lettres ?
Réponse : (indice : entrez un chiffre inférieur à deux)
• • • •
Dernier départ pour l'ailleurs
Nadine Descheneaux