Suivant son militaire de père qui a été muté, la narratrice déménage en Algérie à l’aube de la guerre. À l’abri d’un petit village, elle y découvre tout d’abord l’exotisme et le mélange des cultures, toutefois plus la guerre approche et moins les murs qui l’entourent la protègent des horreurs qui se passent dans le pays. Son passage entre l’enfance et l’adolescence se passe sous la contrainte, mais elle vit tout de même les envies et les découvertes de son âge, fréquentant de jeunes militaires qui lui ouvrent les yeux sur la vie et sur la mort qui l’entoure.
Publié pour la première fois en 1978, ce court roman est constitué de phrases brèves qui se suivent et énoncent les événements auxquels fait face la narratrice. La réalité crue est rapportée sans fioriture et sans jugement, laissant le lecteur combler les non-dits et imaginer cette héroïne qui n’est même jamais nommée. Si l’histoire est assez simple, la forme dure, presque sans émotions, conviendra davantage à des lecteurs intermédiaires et avancés.
Mon avis
J’ai pensé à Camus au fil du récit, au fur et à mesure que ces phrases directes et sans jugement s’accumulaient sous mes yeux. J’ai aimé découvrir cette guerre que je ne connaissais que très peu de l’intérieur, du regard d’une jeune adolescente naïve qui est d’abord frappée par la beauté de ce pays qui la rejette pourtant. À travers ses mots, c’est six années de guerre qui défilent, entre la compassion de sa mère infirmière, le travail de son père, l’horreur de la torture et, malgré tout, les premiers rendez-vous et les envies d’amour d’une adolescente. C’est particulier. Déstabilisant, mais pas désagréable.
Pour poursuivre sur le thème de la guerre, vous pourriez être tenté par
Enfant volée et
La route de Chlifa.
Merci aux éditions Gallimard pour le roman!
Vous avez aimé le billet ? Procurez-vous le livre…
L'Algérie ou La mort des autres
Virginie Buisson
Nouveau commentaire