Billet rédigé par Antoine van Eetvelde
Martial est un jeune banlieusard parisien. Et la vie de Martial ne va pas très bien en ce moment, c'est le moins que l'on puisse dire. Pas de boulot, littéralement jeté hors de son appartement par sa copine, il vient en plus de perdre son grand père, seule personne de laquelle il se sentait proche malgré le fait qu'il ne l’avait pas vu depuis un certain temps. Dans l'appartement de celui-ci, Martial passe en revue ses souvenirs d'enfance au fil des objets qu'il trouve dans les pièces et finit par tomber sur une valise aussi lourde que solidement cadenassée sur laquelle sont inscrits un nom et un lieu : Félix Larose, Magnat-l'Étrange. N'ayant rien de mieux à faire de son temps, Martial décide de respecter le voeu de son grand père et se met en route pour Magnat-l'Étrange à la recherche de ce Félix Larose.
Bande-dessinée sortant résolument des sentiers battus,
Intrus à l'Étrange emmène le lecteur dans une quête initiatique qui amènera Martial bien au-delà de ce qu'il croyait trouver sur les chemins d'un petit village perdu de France, à la rencontre de ses habitants tous plus ou moins bizarres. Si le décor est typiquement français, l'intrigue aurait tout aussi bien pu se passer dans n'importe que patelin reculé du monde et son propos universel sur les rapports humains parlera à tous les lecteurs suffisamment matures pour en saisir les subtilités... ou qui ont déjà goûté quelques jours à l'ambiance recluse d'un petit village où tout le monde connaît tout le monde.
Mon avis
La couverture m'a dans un premier temps rebuté et les premières pages feuilletées rapidement m'ont laissé perplexe. Je n'étais pas sûr d'aimer ce style noir et proche de l'esquisse. Finalement, je me suis laissé tenter une fin de soirée et je n'ai pas décollé de mon canapé avant la fin de la 149e page.
Intrus à l'Étrange vaut largement le détour, surtout dans sa deuxième moitié qui part sur une tangente tout à fait inattendue et qui prend le lecteur par surprise. Le tour de force de Simon Hureau, au dessin comme au scénario, tient au fait de se servir de Martial comme d'une courroie de transmission pour nous faire plonger, nous lecteurs, dans son univers, et nous le faire découvrir en nous tenant par la main.
La galerie de personnages que l'on rencontre est colorée et personne ne s'en sort complètement blanc : tout le monde a son petit - ou son gros - défaut plus ou moins caché, quand il n'est pas carrément exposé au grand jour avec fierté. Comme portrait du genre humain, ce n'est pas très flatteur... Pour autant, l'auteur ne sombre pas dans la dépression et offre une fin ouverte qui laissera le lecteur tirer ses propres enseignements de son voyage à Magnat-l'Étrange. Une deuxième lecture quelques jours plus tard m'a conforté dans l'excellente impression du premier contact et fait de cette bande-dessinée un de mes coups de coeur du moment.
À lire seul le soir, dans une atmosphère recluse !
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Harvey et
Couleur de peau: miel.
Billet corrigé par Antidote 9 juste avant d'être publié par Antoine van Eetvelde le 30 juillet 2012.
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