Illustre conférencier américain, Alfie Kohn est réputé pour être une voix forte contre l’évaluation et les notes et pour faire réfléchir sur les pratiques de classe. Invité à donner la conférence d’ouverture au congrès De mots et de craie en ce mois de mai 2014, il a expliqué aux enseignants avec beaucoup d’humour que faire en classe pour s’assurer que nos élèves n’auront pas envie de lire. Voici ses suggestions !
En donnant à nos élèves un nombre de pages à lire, nous teintons la lecture d’un aspect d’obligation qui est à l’opposé du plaisir. La plupart des élèves font ce qui est demandé, puis arrêtent. Leur curiosité n’est pas piquée et lire devient davantage le simple mouvement de tourner les pages que la création de sens.
Donner un nombre de minutes fonctionne mieux puisque le jeune va lire à son rythme et même plus à certaines occasions, pris dans l’histoire.
Demander aux élèves de résumer et de repérer les phrases principales ou encore poser des questions sur les événements importants revient à surveiller que les élèves ont fait leur lecture
L’impact de ces mesures de surveillance peut être vraiment néfaste, amenant le jeune à détester le livre à lire parce qu’il est lié à la surveillance, indépendamment de ce qu’il ressentait avant l’annonce de ce travail postlecture.
De tels tests mettent l’emphase sur le par coeur et non l’apprentissage. La lecture devient alors une simple préparation à l’examen. Ce n’est pas tant ce dernier qui est dommageable que le sens que l’on donne dès lors à la lecture. L’élève comprend que sa lecture ne sert qu’à préparer l’examen et qu’il doit retenir ce que l’enseignant juge important, non pas ce qui le touche lui-même.
En mettant l’emphase sur les habiletés de base davantage que sur le sens du texte, on fait en sorte que l’élève perde le contact avec le sens, ce qui l’intéresse dans le texte, pour se concentrer sur les habiletés qu’on tente de lui enseigner et sur le vocabulaire associé à ces habiletés.
En imposant un standard unique basé sur le niveau scolaire, on perd le contact avec l’élève et on perd aussi certains élèves puisque les titres présentés ne respectent pas leurs capacités. En leur redonnant le choix, les aidant à faire des nouvelles découvertes parfois, mais en partant de leurs goûts, on a plus de chance de les faire aimer la lecture.
En donnant des récompenses aux élèves qui lisent, l’enseignant réduit ainsi leur intérêt profond dans ce qu’ils font. Les élèves perdent ainsi leur motivation intrinsèque, ne lisant plus que pour la récompense et perdant le plaisir de la lecture. Oui, on a l’impression de gagner à court terme parce qu’on les amène à faire quelque chose qu’ils n’auraient peut-être pas fait seuls, mais on ne leur donne pas envie de le faire par eux-mêmes.
Pour poursuivre votre réflexion, je vous invite à découvrir les nombreux articles d’Alfie Kohn. On peut ne pas être d’accord avec tout, mais il propose des idées intéressantes à explorer !
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Je suis enseignante de 2e année au primaire. Faire aimer la lecture à mes élèves est une priorité pour moi.
Je réussis assez bien à donner le goût de lire, mais les choses se gâtent lorsque je dois donner des compréhensions de texte avec questions pour faire les évaluations... Je préfère rencontrer les élèves en individuel et les écouter lire, jaser avec eux de ce qui se passe dans l'histoire pour vérifier leur compréhension. Cette façon d'évaluer les apprentissages en lecture est beaucoup plus signifiante pour moi et pour l'élève. À quel moment dans la vraie vie, est-ce qu'on va avoir à répondre à des questions sur un roman lu ??? Chercher des informations, c'est une nécessité, comprendre une recette pour cuisiner, suivre des instructions pour fabriquer quelque chose, ce sont des activités de la vie quotidienne. Donner des évaluations de compréhension de texte avec questions, surtout pour le premier cycle, ça s'appelle :"détruire le plaisir de lire".