Suite à la désormais célèbre sortie du ministre de l’Éducation du Québec Yves Bolduc qui justifiait sa décision de couper dans les budgets des bibliothèques scolaires en disant qu’aucun enfant ne mourrait de ne pas avoir de livres puisque les bibliothèques sont garnies (hum…) de livres ayant 2, 5 ou 20 ans, beaucoup de voix se sont fait entendre. Les auteurs, les éditeurs, les bibliothécaires, les libraires et les enseignants, majoritairement du primaire, sont montés aux barricades, et avec raison. Parce que la littérature jeunesse est un trésor pour permettre aux enfants de devenir de lecteurs capables de faire plus que de déchiffrer des signes : capables de penser, d’être critique, de développer un imaginaire propre.
Toutefois, on a tendance à oublier les grands. Ceux qui quittent les classes uniques du primaire pour se retrouver dans les écoles secondaires où les enseignants ont souvent plus d’un local et où les livres ont majoritairement absents des salles de classe, mis à part ceux en lecture obligatoire. Et pourtant, c’est à ce moment-là que la lecture perd un peu de son charme, remplacée par les SMS, les jeux, le monde qui s’ouvre. C’est donc à ce moment-là que les livres devraient être encore plus présents. Durant mes sept années en première secondaire, ce fut mon combat de tous les jours. Et ma victoire? Voir mes élèves deux, trois ans plus tard, venir me parler de leur dernière lecture, continuer d’échanger entre eux. Accrocher à la lecture. Devenir des lecteurs sauvages, qui lisent partout et de tout.
Je profite donc de cette occasion pour partager quelques trucs à utiliser au quotidien afin de garder les livres en classe, même au secondaire.
Je sais, vous changez constamment de locaux et c’est difficile. Mais si, une fois par semaine ou par deux semaines, vous allez chercher cinq livres à la bibliothèque et que vous les posez sur le coin de votre bureau, si vous parlez de ces livres, en lisant un passage accrocheur ou une quatrième de couverture bien écrite, et si vous permettez à vos élèves d’emprunter les livres directement ainsi, dans la salle de classe, vous venez de créer un miracle. Parce qu’ils ont beau savoir qu’il y a une bibliothèque scolaire dans l’école, elle est toujours trop loin. Ils n’iront peut-être pas à la montagne, alors la montagne doit venir à eux.
En début d’année, emmenez vos élèves à la bibliothèque et proposez-leur de créer des haïkus à l’aide des titres des livres. Ils verront d’un autre regard les rayonnages et sortiront des bouquins qu’ils n’auraient pas touchés normalement. Profitez-en pour leur dire quelques mots sur ceux qu’ils ont en main et regardez la magie se produire.
Même au secondaire, et surtout au secondaire parce qu’on se reconnecte ainsi avec le plaisir de notre enfance. Choisissez un court roman ou encore un extrait particulièrement accrocheur. Et si vous déposez ensuite le livre sur le coin de votre bureau en leur disant qu’ils peuvent vous l’emprunter, vous venez de faire au moins un heureux. Quelques idées ici !
Je ne suis pas contre les livres obligatoires, mais donner le choix aux élèves concernant certaines lectures durant l’année est aussi bénéfique. Laissez-les livre ce qui leur plait et échangez autour de ces lectures, accompagnez ceux qui ne savent pas quoi choisir en les sortant de leur zone de confort : pourquoi pas la bande dessinée, le roman graphique? En les laissant choisir, vous pouvez aussi leur permettre de prendre des livres qui correspondent à leur niveau de lecture et permettre des expériences de lecture réussies et gratifiantes.
En leur montrant ce que vous lisez, en leur proposant des activités à partir des livres qui viennent de sortir, en leur faisant découvrir des blogueurs, des critiques parues dans les journaux, en lançant des défis. Ne laissez jamais les livres sortir de votre salle de classe.
Pour aller plus loin sur cette thématique, sachez que j’offre des ateliers pour outiller les enseignants sur la littérature jeunesse, donnant des idées pour l’intégrer davantage en classe et faisant un tour d’horizon des nouveautés intéressantes.
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