Amande a toujours été la « ratée » de la famille, celle qui déçoit sans arrêt les attentes, celle qui est toujours en retard et elle se complait dans ce rôle. Mais ce dimanche-là, lors du diner familial, elle se rend compte que son neveu semble aussi être mis à part. Et quand il se fait gifler parce que la vérité éclate, que sa sœur prend plaisir à annoncer qu’il a été surpris à embrasser un garçon, Amande est projetée dans ses souvenirs, alors qu’elle avait elle-même 15 ans…
Très court roman intimiste, Bouche cousue parle avec doigté d’homosexualité, de la pression familiale et de la difficulté de s’affirmer quand les autres rejettent ce qu’on est.
Il est de nos jours assez rare qu’un adulte soit le narrateur d’un roman pour adolescent. Ce choix scénaristique permet toutefois ici au lecteur de sentir le recul qu’a Amande sur son récit et donne plus de force à son histoire. Au fil de ses souvenirs, on revoit cette jeune fille qu’elle était, Italienne immigrante de deuxième génération vivant au-dessus de la laverie familiale et étouffée par la ligne à suivre imposée par ses parents. On ressent avec elle les premiers émois pour la musique, pour sa compagne de classe, tout comme la confusion, la solitude, le besoin d’être acceptée. Et on voit arriver la fin, cette gifle reçue qui brise ses rêves. Les romans sur l’homosexualité sont de plus en plus présents en littérature jeunesse, mais la plupart montrent qu’il est possible de s’accepter, de se faire accepter, d’être heureux, ce qui n’est pas le cas ici. Mais bouche cousue a peut-être encore plus de force parce que si l’histoire ne montre comment affronter le regard des autres, de ses proches, elle laisse la très forte impression qu’il faut absolument le faire.
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