Quand le cheval Zahir s’avance vers Arthur à la fin du spectacle, ce dernier se sent privilégié. Mais le cavalier, lui, sait que ce n’est pas bon signe. Zahir a une sensibilité particulière pour les enfants malades…
LAL. Leucémie aigüe lymphoblastique. Le diagnostic tombe et la vie d’Arthur bascule. Il y a les traitements agressifs, les réactions du corps, les parents qui partent en vrille, l’espoir qui vacille. Heureusement, il y a aussi Vivianne. Sa grande soeur à la répartie cinglante vit des montagnes russes devant cette maladie qui emporte tout et ne lui laisse d’abord que la colère. Mais son petit frère a besoin d’elle et, pour mener bataille, Vivianne n’a pas son pareil.
Roman à deux voix, Mon cheval de bataille présente le parcours d’Arthur face au cancer, à la fois de l’intérieur et de l’extérieur. Écrit avec sensibilité et abordant des thématiques porteuses d’émotions alors que le cheval sert de fil rouge, il convient aux lecteur.trice.s intermédiaires, et ce, dès 10 ans.
Si Delphine Pessin a fait un écart avec E.toile, un roman de science-fiction qui laissait finalement beaucoup de place à la psychologie, je la connais surtout pour la finesse de ses récits réalistes, dans lesquels elle arrive à créer des personnages authentiques, à rendre palpables des situations qui nous sont parfois totalement inconnues à nous, lecteur.trice.s. Dys sur 10 était pour cela un tour de force et elle y parvient encore une fois avec ce récit tout en sensibilité qui réussit à émouvoir sans tomber dans le pathos.
Pour y arriver, elle a mis en scène les différentes étapes de la maladie et leur impact sur la famille immédiate, alors que le monde autour « continue de tourner », mais que l’univers semble s’être arrêté. Elle a aussi laissé une large part à la bataille.
Celle d’Arthur lui-même, la dure bataille vue de l’intérieur, avec la violence des traitements et l’espoir qui flanche parfois, notamment quand d’autres tombent au combat, mais aussi celle de Vivianne. Sa bataille à elle se vit de l’extérieur, alors qu’elle se retrouve seule dans une maison désertée avec des parents qui n’ont que la maladie d’Arthur en tête, et qui passe sa colère sur tout ce qu’elle peut. Son personnage est toutefois essentiel parce que c’est d’elle que vient l’humour qui teinte les pages (son sens du sarcasme est parfait) et c’est elle aussi qui amorce les moments pivots. La relation frère-soeur qu’on découvre au fil des pages est précieuse et apporte beaucoup de lumière malgré le sujet plus sombre. Bref, c’est un bel exercice d’équilibriste de la part de Delphine Pessin et une lecture douce et porteuse d’espoir qui pourrait faire du bien à ceux qui ont rencontré la LAL, de l’intérieur ou de l’extérieur.
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