Oli est arrivé comme un Bigbang dans la vie de Maélie. Il a été le premier. Premier amour, première fois, premier à lui dire de faire confiance à son talent. Premier à lui conseiller de quitter La Malbaie pour aller étudier au Cégep à Québec. Mais alors que Maélie gère sa rentrée collégiale loin de ses amis et de sa famille, son appartement miteux et sa nouvelle réalité, des grains de sable s’accumulent dans les rouages de leur relation. C’est juste dans sa tête, selon Oli. Mais l’est-ce vraiment ? Parce que quand une étoile explose, comme Maélie a eu l’impression qu’elle explosait lors de leur rencontre, elle devient une supernova. Et que celles-ci finissent toutes en… trous noirs.
Abordant les thèmes des amours toxiques, du passage entre le secondaire et le cégep et du trouble obsessionnel dans ce roman écrit au « tu » qui mélange quotidien et émotions, Alexandra Larochelle vise un public mature et intermédiaire.
C’est un vrai bijou que ce livre, écrit par une autrice qui semble être parvenue à maitriser son grand talent pour offrir un roman « jeune adulte » parfaitement dosé, à la fois intime dans les détails du quotidien et dans toute l’authenticité qu’on sent derrière le personnage de Maélie, et universel, dans les émotions présentées et dans cette idée, très présente, mais sans être trop appuyée, de relation toxique et de la spirale dans laquelle on peut s’enfoncer sans s’en rendre compte.
J’avais moins accroché à la langue très orale d’Alexandra Larochelle dans Des papillons pis de la gravité. Cette fois, on dirait qu’elle coule de source. Oui, c’est parlé, mais comme l’histoire prend la forme d’une longue lettre rédigée par Maélie pour Olivier, c’est vraiment plus naturel et le passage entre la narration et les dialogues est harmonieux.
De façon générale, c’est un livre fluide dans lequel on se laisse porter alors que des petits moments d’humour nous permettent de respirer entre les deux spirales : celle de la relation toxique qui se met en place (avec de fabuleux exemples de « gaslighting » entre autres) entre Oli et Maélie (et son écho plus violent dans la relation amoureuse du meilleur ami de l’héroïne, Martin), mais aussi celle de l’obsession que développe la narratrice pour la propreté et qui prendra une ampleur démesurée au fur et à mesure qu’elle sent son univers lui échapper.
La suite des évènements est intéressante alors qu’on sent la narratrice prise dans un tourbillon et qu’il y a beaucoup de petits éléments à gérer en même temps et les personnages secondaires sont attachants et diversifiés, participant à cette impression de vie réelle qui s’échappe des pages. Seul point un peu plus négatif, j’ai parfois senti dans certaines scènes plus appuyées la volonté de l’autrice de montrer la mécanique des relations toxiques afin d’en prévenir ses lecteur.rice.s., mais cette impression de « sentir » l’adulte derrière la narration reste légère et, au final, Jusqu’à ce que ça fasse bang est un livre maitrisé, captivant, touchant et, à l’image de sa dernière ligne, percutant. Vivement la suite !
Le petit plus ? Les scènes de sexualité, plus pudiques au départ, puis un peu plus explicites au fil des chapitres, sont aussi bien dosées et parlent de plaisir partagé (du moins au début) dans un esprit assumé et ouvert. J’aime.
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