Chroniques de Molochville

 
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« Molochville a été bâtie sur un lieu sacré, vénéré d’abord par les Premières Nations, repris ensuite par des hérétiques vouant un culte au diable. La ville aurait été, selon elle, construite au-dessus des portes de l’enfer. »

Une soirée tranquille qui vire au cauchemar quand une bande masquée débarque dans l’appartement. Une musicienne torturée et de mystérieuses disparitions dans la forêt. Des macarons aux champignons magiques dont les effets perdurent très longtemps. Une nuit de camping urbain qui vire au cauchemar.

Chroniques de Molochville, c’est quatre nouvelles écrites par quatre auteur.rices phares de l’horreur au Québec. Il y a du sang, de l’angoisse et des personnages qui ne s’en sortent absolument pas indemnes, sachez-le. Constitué de quatre récits d’à peu près cinquante pages chacun qui peuvent se lire dans l’ordre et le désordre tout en se faisant des clins d’œil, ce livre s’adresse à un public intermédiaire… et avisé !

L’avis de Sophie

« Je sais maintenant que personne ne survit à Molochville. Même pas moi. »

Oh que j’aime ce concept ! Quatre récits d’horreur, rapides, punchés, efficaces, dégueulasses, quatre plumes habiles pour susciter l’angoisse… un réel bonheur, d’autant que le cadre, avec cette ville sombre qui semble être le théâtre de nombreux phénomènes étranges, est idéal et que les auteur.rices ont tous fait des choix forts différents dans leur mise en scène.

Le recueil s’ouvre par le texte de Patrick Isabelle qui a fait ici comme dans Anna Caritas, il faut le savoir : le préambule est un peu plus lent et plus ampoulé avant que l’action commence. Mais alors, quelle action ! La deuxième partie de la nouvelle est digne des pires scènes de film d’horreur avec juste assez de détails et de ressentis pour susciter les frissons. Diablement efficace.

À sa suite, Véronique Drouin allie musique et nature maléfique dans un récit qui laisse une bonne place à la psychologie et donne de plus en plus froid dans le dos au fil des pages jusqu’à une finale tout aussi malaisante que celle de Rivière-au-cerf-blanc. Ça reste en tête…

De son côté, la description d’un trip sur les champignons pour le moins imaginative de Jocelyn Boisvert nous fait presque halluciner (un concert symphonique de mouches, vraiment ?). Attention toutefois, comme son personnage principal a du mal à distinguer le réel de la psychose, il est compliqué de le faire nous-mêmes et, malgré que le récit est constitué d’une suite de phrases courtes, le texte peut être plus ardu à comprendre.

Finalement, Sandra Dussault nous entraine dans une sortie nocturne qui semble être douteuse dès le départ… et qui se révèle à la hauteur de nos (mauvaises) attentes. J’ai bien aimé les brèves insertions du futur, qui font monter la tension puisque son personnage principal finit prisonnière, entourée de béton, en panique. J’ai moins aimé les signes du genre « j’aurais dû partir » qui ponctuent le texte, mais j’ai quand même été accrochée tout au long de la nouvelle.

De façon générale, certain.es y vont « all in », n’hésitant pas à faire table rase, d’autres ont préféré sauver leurs personnages (et je ne vous dirai pas qui). L’ensemble n’est pas parfaitement égal, certaines nouvelles m’ont semblé plus maitrisées, mais la peur fonctionne partout et, le plus chouette, c’est que c’est joué de quatre façons complètement différentes. On en veut d’autres !

Le petit plus ? On sait qu’on est dans la même ville grâce à des petits clins d’œil que les auteur.rices se font les un.es aux autres (il y a des références claires ou encore un personnage qui revient), ce qui ajoute à l’angoisse et nous permet de sentir la complicité.  

Merci aux Malins pour le service de presse !

Billet corrigé par Antidote 9 juste avant d'être publié par Sophie le 14 septembre 2023.

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