J’ai découvert
Nikki Pop en discutant avec une éditrice des Intouchables et l’idée d’une nouvelle série pour adolescents avec une héroïne passionnée de musique qui entre en première secondaire m’a plu… et je dois dire que j’ai dévoré les trois premiers tomes qui sont sortis simultanément il y a quelques semaines. Entrevue, donc, avec la prolifique auteure de
Nikki Pop, Jade Bérubé !
Comment est née Nikki Pop?
Il s’agit d’une idée de départ de Marc Britan. Marc avait envie d’écrire une série tournant autour d’une adolescente musicienne, mais n’avait pas le temps de s’y mettre sérieusement. Les Intouchables m’ont offert le sujet sur un plateau d’argent. Puisque j’avais une entière liberté au niveau de l’histoire et du ton, c’était une offre que je ne pouvais pas refuser ! J’ai plongé. D’autant plus que j’ai moi-même un passé de musicienne.
Comment votre passé de musicienne a influencé l'histoire?
Je ne suis pas chanteuse, mais j'ai commencé à composer et orchestrer très tôt. Je composais par exemple des trames sonores pour les pièces de théâtre de l'école secondaire que je fréquentais, parfois avec plus de 15 instruments. Et puis, un soir, après une représentation, le père d'une élève m'a offert de composer pour Radio-Canada. C'était un gros contrat pour mon âge et j'ai découvert tout un milieu. Bien sûr, cette aventure a inspiré le premier tome. Ensuite, la vie m'a emmenée ailleurs, loin de tout ça. Mais une très bonne amie à moi a poursuivi. Disons que j'ai de bonnes sources d'inspiration.
Est-ce que les personnages de Nikki Pop sont inspirés de votre entourage?
Oui, bien sûr. J’aurais du mal à écrire une histoire sans m’inspirer de ce que je vois autour de moi. Ayant enseigné au secondaire il y a quelques années, j’avais une bonne idée de l’énergie adolescente des années 2000. Je peux aussi dire que le personnage de Maud Trahan est carrément calqué sur une ancienne camarade d’école (hum).
Si le personnage de Maud Trahan est directement inspiré, est-ce que les coups bas qu'elle fait ont aussi été des expériences vécues?
En grande partie, oui. Et je n'ai jamais compris pourquoi. C'était d'une violence... Comme si elle avait juré ma perte. Mais je tiens à préciser que dans mon histoire, ce n'était pas la fille de l'agent. Ce lien est fictif.
Le personnage d’Émily est ancré dans un univers très riche et vous n’hésitez pas à nommer des marques connues, des signes de richesse. Est-ce qu’il y a une raison particulière à ce choix ?
J'ai remarqué que depuis deux ou trois générations, les adolescents vivent dans un monde de marques et de logos difficile à occulter. Je me suis donc dit qu'en prenant à bras-le-corps le sujet, c'est à dire en situant mon héroïne dès le départ dans un univers ultra superficiel que les ados peuvent reconnaître, j'aurais de la latitude pour le questionner. J'ai d'ailleurs créé le personnage d'Emma en fonction de ce regard extérieur dont j'avais besoin. Un regard neuf sur la richesse et le glamour, un regard émerveillé certes, mais ambivalent aussi. J'aimais beaucoup l'idée de prendre la chose à rebours: faire commencer Émily dans l'opulence pour ensuite la faire cheminer vers l'essence des choses à travers son aventure musicale.
Vous dites avoir demandé de l’aide à une classe d’adolescents pour les expressions. À quel moment de l’écriture les avez-vous contactés?
Je les ai contactés au tout début du processus. Je voulais maîtriser leur vocabulaire pour être dès le départ dans le bon ton. C’est incroyable comment, en quelques années seulement, le jargon a changé. C’est aussi pour cela que je n’en ai pas abusé, préférant un jargon « Émilyen ». Je ne voulais pas que le livre soit passé date dans trois ans !
Est-ce qu’ils vous ont aussi aidé sur le plan des nombreuses péripéties?
Non, je n’ai pas fait de vox pop avec eux à propos de la trame narrative. Ce qui posait plus problème pour moi, c’était de trouver le moyen de les accrocher par la musique. J’avais besoin d’une incursion dans leur univers musical. Je voulais également leur point de vue sur la célébrité. Les ados d’aujourd’hui baignent dans un univers de célébrité instantané, leur vision du monde en est totalement imprégnée.
Est-ce que le contact avec les jeunes vous inspire beaucoup? Énormément. Ce fut toujours le cas. Mes premières expériences professionnelles furent auprès des ados et je ne les ai jamais quittés. Les ados me nourrissent, m’ébranlent. Alors bien évidemment, il en va de même pour l’écriture. C’était également le cas pour l’écriture de mes livres pour adulte, particulièrement le Rire des poissons.
Avez-vous une liste de thèmes que vous souhaitez aborder dans la série où vous laissez vous porter par le personnage?
Le sujet (la musique) me rejoint personnellement alors il va de soi que j’ai des idées arrêtées sur certaines choses. La trame est donc bien dessinée à ce niveau. En ce qui a trait aux péripéties plus intimes, les relations personnelles et tout ça, je laisse aller. Par exemple, je ne savais pas que William reviendrait vers Émily. Ça s’est imposé tout seul en cours d’écriture du tome 3. C’est la même chose pour le destin d’Emma. Je ne sais pas encore ce qui lui arrivera…
Est-ce important pour vous de traiter de la volonté de devenir célèbre en littérature jeunesse?
Oui, comme je le disais plus haut, c’est une préoccupation majeure et étonnement inconsciente. Le simple fait d’étaler notre vie privée sur Internet découle de ce phénomène. Alors quand on y ajoute en plus la marchandisation massive de l’art sous le couvert d’une vie glamour, ça me paraît important d’en démontrer les possibles effets. D’autant plus que ce rêve précis est devenu le rêve commun de toute une génération d’adolescents.
Avez-vous un rituel d’écriture?
Pas vraiment. Je travaille dans les cafés, jamais de chez moi. Et je n’ai pas d’horaire précis. Nikki Pop c’est un flux. Et certains jours, le flux n’est pas eu rendez-vous !
Les couvertures des premiers tomes sont très esthétiques. Est-ce que vous avez participé à leur élaboration? Est-ce que l’auteur doit simplement faire confiance les yeux fermés à l’illustrateur?
Oui, on fait confiance les yeux fermés. JMais je suis très chanceuse, car j’aime beaucoup le trait de crayon de Géraldine et l’objet final est très attrayant.
D’après vous, est-ce qu’il faut lire beaucoup pour être un bon auteur?
Hum, je ne sais pas. Je peux parler de moi et dire que je suis une dévoreuse de livres. Mais je ne suis pas sûre du lien de cause à effet. C’est plus une question de sensibilité, je pense. D’ouverture au monde.
D’après vous, est-ce que la littérature jeunesse est importante? Pourquoi?
Elle l’est, assurément. Elle permet une incursion plus ludique dans le monde de la littérature. Le danger, c’est de rater le virage, de ne pas faire la transition ensuite vers la littérature « adulte » le temps venu. C’est le piège.
Quelles sont d'après vous les principales différences entre la littérature jeunesse pour les adolescents et la littérature plus adulte?
Pour moi, tout est dans le ton. Il doit impérativement être accrocheur et c'est un défi parce qu'il faut s'abstenir de tomber dans la facilité. Pour Nikki Pop, je tenais à ce que le langage soit tout de même inventif. Or, j'avais constamment en tête que le lecteur pouvait à tout moment décider d'arrêter sa lecture. Je n'ai pas cette préoccupation lorsque j'écris pour adulte. Mais c'est peut-être une erreur...
Est-ce que les lecteurs sont surpris du fait que vous publiez trois romans jeunesse alors que vos plus récents ouvrages sont principalement concentrés vers un public adulte?
Pas vraiment. Les gens qui me connaissent ne sont pas surpris. Et les autres, eh bien, je ne sais pas ce qu'ils en pensent... Peut-être qu'ils m'en parleront après avoir lu ou vu Nikki Pop sur les tablettes des librairies!
Quels sont vos conseils à ceux qui écrivent, mais qui ont peur de ne pas être bons?
Je suis ambivalente parce que j’ai tendance à ne pas écrire en fonction d’être lue, ce qui est un beau paradoxe. L’écriture a toujours été pour moi un mode de vie. Je pense que cette pression d’être bon est un très mauvais moteur d’écriture. Je n’aurais pas écrit Nikki Pop si je n’avais pas eu de plaisir en l’écrivant. J’opterais donc pour une approche satisfaisante, bienfaisante même, avant de penser à l’étape suivante.
Rafale lecture !
Enfant, étiez-vous une grande lectrice?
Oui. C’était une évasion délicieuse pour moi.
Qui vous a donné le goût de lire? Comment cette personne a réussi à développer ce lien entre vous et les livres?
Dans la maison, la pièce qui jouxtait ma chambre était appelée La Bibliothèque parce que tous les livres y étaient rangés. C’était ma salle de jeu. Petit à petit, entre deux jeux de pouliches, j’ai fouillé dans les rayonnages. J’y ai fait des découvertes mirobolantes ! Au début, en regardant les images des couvertures. Ensuite, en lisant les premières pages. Personne ne m’a dit de lire.
Quel mot décrit le mieux votre relation avec les livres? Pouvez-vous nous expliquer ce lien?
Le mot qui décrit le mieux est évasion. La lecture d’un livre me sort de mon quotidien, me permet de me glisser dans des vies exaltantes. Par contre, je ne suis pas attachée à l’objet. Je le rature, je le salis et je m’en débarrasse. Quitte à le racheter des années plus tard !
Quel est votre livre préféré?
Quand j’avais cinq ans je m’ai tué, de Howard Buten. Un livre débusqué dans La Bibliothèque alors que je n’avais sans doute pas la maturité nécessaire pour bien le comprendre. Sa lecture a bouleversé l’enfant que j’étais. Et c’est, étrangement, le livre que j’ai lu le plus souvent dans ma vie, même si ce n’est pas celui que je trouve le mieux écrit.
Quel roman a marqué votre adolescence?
Il s’agit de
Avec l’été de Raymond Plante. C’est plutôt cocasse parce que je connaissais l’auteur à cause de sa série pour ado « Le dernier des raisins ». Mais c’est ce livre pour adulte qui a marqué mon adolescence. J’aurais voulu être l’amie des personnages. Je me rappelle même leur avoir écrit ! Comme j’aurais aimé qu’ils existent…
Quel est le livre sur votre table de chevet?
Présentement il s’agit de
Ariel, un recueil de poèmes de Sylvia Plath. D’une grande beauté.
Dans quel endroit préférez-vous lire?
Dans un gros divan moelleux, sans souliers. L’hiver.
Avez-vous une suggestion de lecture pour ceux qui découvrent et aiment Nikki Pop?
Mon dernier coup de cœur jeunesse est
Hunger Games de Suzanne Collins. C’est palpitant !
1. QUAND EST CE QUE LE TOME 7 VA SORTIR?!
2. combien de tome prévois tu sortir? ( j'espère une dizaine)
3. NIKKI POP C'EST LE MEILLEUR LIVRE DU MONDE! IL Y A BEAUCOUP DE REBONDISSEMENT ET QUAND JE COMMENCE, JE DOIS ABOSOLUMEMT FINIR LE LIVRE !!!!