Un nouveau prix a vu le jour au Québec cette année, le Prix Espiègle, créé par quatre bibliothécaires, Julie Hermann, Lyne Rajotte, Anne-Marie Roy et Marjolaine Séguin, en partenariat avec l’Association pour la promotion des services documentaires scolaires. L'idée de ce prix est venue « suite à une question d’une nouvelle bibliothécaire scolaire qui se demandait, après seulement quelque mois de pratique, si elle pouvait tout acheter pour les bibliothèques scolaires de sa commission scolaire. Elle s’interrogeait sur certains titres et voulait savoir quels genres de livres on pouvait acheter ou pas. Cette simple question a déclenché une grande discussion sur la censure dans nos bibliothèques scolaires ! » relate Marjolaine Séguin.
« Depuis toujours, une certaine censure des livres est exercée dans les bibliothèques scolaires du Québec. Celle-ci est pratiquée par tous selon des critères propres à chacun, sans égard à la valeur du livre par rapport aux missions de la bibliothèque scolaire. Trop souvent, c’est le code moral personnel du censeur qui est le critère tout puissant de l’examen d’un livre. Cependant, l'école est aussi porteuse de valeurs qui sont collectives et définies par la charte des droits. Ce sont ces valeurs qui priment lorsque nous agissons sur une collection de bibliothèques scolaires. » Un peu à l'image du Banned Book Week, aux États-Unis, ce prix veut mettre de l'avant des titres qu'on hésite parfois à censurer, mais qui sont d'une grande qualité littéraire.
« Le Prix Espiègle met en vedette des livres audacieux, malicieux et qui osent. Ce type de livre est souhaité et nécessaire en bibliothèque scolaire, mais trop souvent absent. L’APSDS fait le pari que les élèves du Québec aspirent à un lieu qui fait réellement confiance en leur capacité à former leur jugement critique et qui leur offre aussi des livres qui sauront les émouvoir, les bouleverser, les déstabiliser. Tous les finalistes au prix Espiègle méritent une place de choix dans les audacieuses bibliothèques scolaires québécoises. »
Pour cette première édition, 40 titres ont été en soumis pour le primaire et 20 pour le secondaire. Les membres du jury ont lu tous les livres et ont annoncé les finalistes début mars.
C’est où chez nous ?, éditions du Remue-ménage, texte de Sylvie Frigon et illustrations de Cathon
Louis parmi les spectres, éditions de la Pastèque, texte de Fanny Britt et illustrations d’Isabelle Arsenault
Méchant Far West, 1. Le méchant qui voulait être pire, éditions Monsieur Ed, texte de Marthe Pelletier et illustrations de Richard Écrapou
Le vide, éditions Les 400 coups, texte et illustrations d’Anna Llenas
Y’a pas de place chez nous, éditions Québec Amérique, texte d’Andrée Poulin et illustrations d’Enzo
L’enfant mascara de Simon Boulerice, éditions Leméac jeunesse
Flannery de Lisa Moore, éditions du Boréal
Hare Krishna de François Gilbert, éditions Leméac jeunesse
Noirs dessins de Geneviève Mativat, éditions Pierre Tisseyre
Nous de Patrick Isabelle, éditions Leméac jeunesse
Quand on regarde ces livres, on comprend clairement le côté « audacieux » de la sélection. « Un livre audacieux est un livre dont le sujet dérange et déstabilise. Des sujets comme la maladie mentale, le suicide, la mort, l’homosexualité et l’inceste suscitent parfois un malaise chez certaines personnes qui aimeraient que ces situations n’existent pas. Pourtant, même si nous voulons à tout prix protéger nos enfants du côté plus sombre de la vie, ces situations existent et ils sont assez intelligents pour comprendre ! Selon nous, tous les sujets peuvent être abordés en littérature jeunesse, pourvu que le traitement soit respectueux, sans vulgarité, et respecte le développement psychologique de l’enfant », affirme Marjolaine Séguin.
Rendez-vous le 1er avril pour la remise du prix !
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