Entrevue avec Marie-Josée L'Hérault

 
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26 avril 2011

C'est au Salon du Livre de Trois-Rivières que j'ai croisé cette sympathique auteure et son roman Le bal de Béa Gros Bras. J'ai été attirée par cette histoire d'adolescente complexée par son corps et l'histoire m'a vraiment plu. Voici une entrevue qu'a bien voulu m'accorder Marie-Josée L'Hérault sur les sources de son inspiration!

Quelle a été votre inspiration pour le personnage de Béa?
 
Dans la vraie vie comme dans le roman, le personnage de Béa est un genre d'accident de la nature, le fruit du hasard. Lorsque j'ai rédigé le plan du "bal de Béa gros bras", j'étais en train de lire la biographie de Louis Cyr. Je me suis dit que ce serait bien que mon héroïne ait un genre de pouvoir. Un secret.  Je lui ai donc donné le don de la force pour qu'elle soit aussi forte physiquement que mentalement.
 
Qu'est-ce que vous vouliez faire passer comme message à travers ce personnage?

Il y a plusieurs façons d'être une princesse. Et vive la différence! Même si c'est parfois difficile, particulièrement lors du passage de l'enfance à l'adolescence, il faut apprendre à s'accepter soi-même. L'histoire de Béa, c'est avant tout l'histoire d'une fille qui apprend à vaincre son complexe d'infériorité.
 
Trouvez-vous que les jeunes prêtent trop d'attention à leur apparence physique?

Oui, mais c'est normal. Les jeunes sont à la recherche de leur style, de leur identité. Ils changent tellement vite que parfois, ils ont du mal à se reconnaître. Alors ils s'observent dans le miroir pour se rassurer et tenter de se retrouver. Seulement, il leur faut aussi apprendre à essayer de voir au-delà des apparences, à s'affirmer, à accepter leurs différences et celles des autres.
 
Comment vous êtes-vous intéressée à l'histoire de Louis Cyr et de sa fille Émiliana?
 
Je lis toutes sortes de bouquins et comme je m'intéresse beaucoup à l'histoire, je suis un jour tombée sur la biographie de Louis Cyr. C'est un personnage qui a une vie mouvementée et qui est allé, je crois, jusqu'au bout de ses passions. En apprenant que sa fille avait fait des spectacles avec lui, j'ai eu envie d'inclure Émiliana dans mon histoire. J'écrivais un roman qui s'adressait à des filles, alors pourquoi ne pas mettre en parallèle ces deux vies: celle de Béa, une ado moderne, et celle d'Émiliana, une jeune femme d'antan? Il m'a semblé que Béa pourrait apprendre de l'expérience de l'autre, dont la vie s'était terminée de manière tragique, entourée de secrets.

Est-ce qu'il y aura une suite aux aventures de Béa? 

Bien sûr. Je travaille en ce moment à une autre aventure. Une histoire estivale qui mettra en scène de nouveaux et d'anciens personnages.
 
Je sais que votre fille est adolescente elle-même, est-ce qu'elle vous a inspiré? Est-ce qu'elle vous a donné des commentaires sur le manuscrit?

Ma fille me tient au courant des derniers développements en matière de gadgets. Elle a lu le roman. Elle a aimé la manière dont il se terminait  (particulièrement la toute dernière ligne), bien qu'elle ait trouvé que mon héroïne manquait un peu de romantisme. Elle a adoré qu'il y ait des pimbêches dans l'histoire. On aime détester les pimbêches, n'est-ce pas? Elle m'a dit qu'elles mettaient du piquant dans tout ça.
 
Qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire de la littérature jeunesse?

Le fait d'avoir des enfants. Quand mon plus jeune est entré à l'école, j'ai décidé de me remettre à écrire. J'ai voulu me replonger dans mon adolescence puisque que ma fille allait bientôt atteindre cet âge. J'ai aussi pensé que pour commencer (ou recommencer) il valait mieux que je m'attaque à un projet plus léger. En fin de compte, j'ai mis autant de temps à écrire ce roman que j'en aurais mis à écrire un roman pour adulte.
 
Est-ce que c'est plus difficile de viser un public adolescent plutôt qu'adulte?

Je ne crois pas. Il faut simplement se mettre dans la peau de nos personnages, essayer de se souvenir comment on pensait à cet âge, ce qui nous intéressait aussi. C'est un des bonheurs de l'écriture: pouvoir se mettre dans la peau de n'importe qui.
Comment une adulte peut-elle écrire à propos de l'adolescence? Est-ce qu'avoir une adolescente à la maison aide?
Tout adulte a déjà été un adolescent. Je crois qu'il y a des thèmes, à cet âge, qui demeurent immuables. L'initiation à l'amour, la recherche de soi. Depuis que j'ai des enfants, j'ai moins de temps pour écrire. Par contre, j'ai l'impression qu'être maman contribue à rendre mes personnages de mères et de jeunes plus crédibles. Avoir une adolescente à la maison aide également à se remémorer certaines choses, à quel point, par exemple, on avait horreur du ménage à cet âge, à quel point aussi, on voulait que les autres respectent notre intimité, n'entrent pas à tout instant dans notre chambre, notre bulle.
 
Lisez-vous vous-même de la littérature jeunesse?

Oui. J'ai pratiquement lu tous les romans de la revue J'aime lire à mes enfants.  Les aventures de Junie B. Jones (Barbara Park) nous ont également bien fait rigoler tandis que celles de Julie (Martine Latulippe) nous ont appris à mieux connaître les légendes du Québec. Plus récemment, j'ai apprécié la lecture de deux romans destinés aux adolescents et aux jeunes adultes: La peau blanche (Joël Champetier) et Le livre des chevaliers (Yves Meynard).
 
Qu'est-ce que vous préférez du processus d'écriture? Qu'est-ce que vous aimez le moins?

J'aime rédiger le premier jet parce qu'en cours de route, il nous vient des idées qui ne faisaient pas partie du plan, mais qui contribuent à améliorer l'histoire. Par ailleurs, l'étape de la réécriture peut s'avérer aussi pénible que gratifiante. Cela dépend des jours et de notre état d'esprit.
 
À quel âge avez-vous commencé à écrire?
 
J'aimais déjà écrire des histoires au primaire. Au secondaire, j'ai découvert la manière de faire un plan, de rédiger des textes sans toujours répéter les mêmes mots, d'ajouter des figures de style pour frapper l'imagination des lecteurs. À partir de l'âge de onze ans, je me suis mise à participer à des concours littéraires. Leurs contraintes ( thème, longueur, etc..) représentaient pour moi des défis amusants. J'ai commencé la rédaction de mon premier roman à l'âge de vingt-quatre ans.
 
D'après vous, est-ce qu'il faut lire beaucoup pour être un bon auteur?

Beaucoup, je ne sais pas, mais je crois qu'il faut varier ses lectures. Comme chaque auteur possède son registre de mots préférés, il me semble que lire les oeuvres de nombreux écrivains permet  d'élargir son propre registre.  Cela évite également de subir l'influence d'un seul auteur. Et puis, cela donne davantage d'idées, puisque ce ne sont pas toujours les mêmes sujets ou les mêmes thèmes qui sont à l'honneur. 
 
Quels sont vos conseils à ceux qui écrivent, mais qui ont peur de ne pas être bons?

Il faut écrire sans trop se poser de questions, sans toujours recommencer à zéro. On termine le premier jet, puis on passe à la réécriture, réajustant au besoin les premiers chapitres. Forcément, c'est en écrivant et surtout en réécrivant qu'on améliore ses textes (Comme le forgeron!).
 
Rafale lecture !

Quel est votre livre préféré?

Leçons de conduite d'Anne Tyler, un roman psychologique. J'adore l'ouverture de ce livre. Elle donne le ton à tout le reste, entrant rapidement dans le vif du sujet et annonçant en peu de mots ce qui va suivre.
 
Quel roman a marqué votre adolescence?

Les hauts de Hurlevent d'Emily Brontë. J'ai lu ce livre à l'âge de quinze ans. Nous avions un rapport de lecture à faire, non pas sur Louis Cyr, mais sur un roman de la littérature classique. J'ai été fascinée par l'histoire d'amour de Catherine et d'Heatclff, qui, laisse sous-entendre l'auteure, se poursuit au-delà de la mort.
 
Quel est le livre sur votre table de chevet?

La trilogie Berlinoise de Philip Kerr et La part de l'autre d'Éric-Emmanuel Schmitt.

Dans quel endroit préférez-vous lire?

Dans mon salon ou sur le perron de ma maison en buvant une tasse de café.
 
Quel est le livre que vous aimez beaucoup, mais que vous avez un peu honte de révéler?

Je n'ai honte d'aucune de mes lectures, car qu'on le considère bien écrit ou mal écrit, il y a toujours quelque chose à apprendre d'un livre.

Avez-vous une suggestion de lecture pour ceux qui ont adoré votre lire?

Peut-être aimeraient-ils découvrir la collection Faubourg St-rock, publiée chez Pierre Tisseyre.
 
 
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