Autour du Coup de la girafe...

 
Partagez sur Facebook Parlez-en sur Twitter

27 février 2012

Le coup de la girafe est mon roman coup de coeur de 2012. Un coup de coeur et un coup de poing tellement ce roman fort m'a fait de l'effet et que les images fortes qu'ils transportent me sont restées en tête longtemps. Aussi, vous pouvez trouver mon billet sur le site, mais j'avais envie d'en parler plus. En effet, des thèmes aussi forts sont rares en littérature jeunesse et il faut qu'un auteur et qu'un éditeur osent pour qu'un tel bijou puisse paraître. Entrevues, donc, avec Camille Bouchard et Robert Soulières. 

Monsieur Soulières, quelle a été votre première réaction à la lecture de ce texte?

Nous nous sommes dits que nous étions là, Colombe et moi, devant un petit bijou! 
 
Qu’est-ce qui vous a particulièrement touché dans Le coup de la girafe? 

La détresse de Jacob, l'amitié de ses deux amis et la méchanceté gratuite de ses agresseurs. Le portrait de la mère aimante et ayant une vie illicite est aussi un aspect novateur et intéressant et très très rarement abordé en littérature pour la jeunesse.
 
Le coup de la girafe aborde des thématiques très dures.  Avez-vous été réticent à l’idée de le publier pour des adolescents? 

Non, pas du tout. Nous étions en présence d'une oeuvre majeure et incontournable. Les thématiques dures ne nous effraient pas et nous avons déjà publié des thèmes uniques comme «Le secret de l'hippocampe» (homosexualité masculine) «Jason et la tortue des bois» (un couple homoparental)  sans parler de quelques livres sur la mort, la perte d'un être aimé. Par ailleurs, «La vie en rouge» dresse un portrait choquant de la réalité de la femme africaine (excision, mariage forcé... honneur, castes, etc.) «Jolie Julie» parle des prédateurs sexuels, «Beauté monstre» parle des stéréotypes de beauté... et on a d'autres titres dérangeants qu'on pourrait citer.
 
Est-ce que l’intimidation est un thème que vous trouvez important de traiter en littérature jeunesse? 

On pourrait même dire que c'est un thème à la mode (on avait déjà publié «Un couteau sur la neige», qui va aussi très loin, (taxage, immigrés... et pourtant Prix AQPF/ ANEL 2011) mais dénoncer l'intimidation en littérature a une portée relative selon nous. La télé, le Journal de MTL ont plus d'impact... immédiat, le livre lui, va rester ailleurs que sur les tablettes espère-t-on.

Monsieur Bouchard, comment est née l’histoire de Le coup de la girafe

J'avais en tête depuis longtemps l'idée (très imprécise) de raconter l'histoire d'un garçon avec une déficience. Je voulais aussi raconter l'histoire d'un enfant aux prises avec une mère s'adonnant à la (quasi)prostitution et qui reçoit ses clients au su de son enfant. Je me disais qu'il me faudrait bien parler aussi un jour d'intimidation (avant la fameuse histoire qui a ébranlé le Québec). Donc, tous ces éléments se sont emboités d'eux-mêmes sans que j'aie à fournir un grand effort.

Les images sont filées tout au long de l’histoire, comme cette citation de Prévert ou encore la peur du lion. Était-ce planifié dès le départ?

Non, c'est venu comme ça en cours d'écriture.

Tout est en non-dit dans ce roman. Comment savez-vous si vous en dites assez pour que le lecteur comprenne?

Il faut simplement se mettre à la place du lecteur, se dire : si c'était moi qui lisais cette histoire, à quel moment je considérerais que l'auteur m'en a assez dit. Cependant, ce qui est très difficile en littérature jeunesse, c'est que nos lecteurs ont des âges très variables et, surtout, une maturité de lecture très variable (ce qui est moins prononcé chez les lecteurs adultes). Dans un roman où l'on parle de prostitution, de viol et de violence, il faut savoir doser ses mots pour créer les scènes dans la tête des lecteurs plus matures et, en même temps, éviter d' "ébranler" trop fortement des lecteurs qui n'en sont pas encore à ce stade de maturité. Les artistes, en général, peu importe notre domaine de compétences (musique, littérature, cinéma, etc.), nous avons un bon instinct pour ces détails (surtout quand on est un vieil artiste avec beaucoup d'expérience).

Est-ce que vous saviez comment le récit allait finir au moment de commencer le roman? Si non, êtes-vous surpris d’où vos personnages vous ont amené? Avez-vous résisté?

Je savais pas mal où allait m'amener le drame qui se préparait. J'ignorais toutefois le degré des émotions qu'il allait drainer. Je vous avoue que j'ai pleuré à mesure que je sentais le personnage de Jacob m'échapper.

Quelles ont été les premières réactions de ceux à qui vous l’avez fait lire? 

Le Coup de la girafe est le seul roman (sur plus de 60) qui ne m'ait pas demandé de corrections éditoriales de la part de l'éditeur. Comme quoi, il est très particulier dans mon cheminement artistique.

Quel public pensez-vous rejoindre? Quel public voulez-vous rejoindre?

Comme je disais plus haut, je me suis efforcé qu'il y ait différents niveaux de lecture pour que tout le monde trouve plaisir à lire le roman. J'ai pensé bien sûr à ceux qui se sentent différents des autres, à ceux qui, parfois, ont l'impression d'être le rejet de leurs camarades d'école. Je voulais qu'ils sachent que leur différence les rend beaux. Cependant, ceux à qui j'ai particulièrement songé et que j'espère sensibiliser, sont ceux qui, sans s'en rendre compte, briment le bonheur de leurs compagnons de classe.

Je voudrais qu'ils comprennent que leur attitude n'est pas anodine, que lorsqu'ils ne songent plus à leur victime, leur victime, elle, continue à souffrir à chaque minute de son existence. J'espère juste que le roman, en plus d'être un divertissement, aura un petit impact sur la qualité des relations entre les jeunes. Ça paraît prétention et terriblement ambitieux, mais je perçois tout ça avec beaucoup d'humilité. Je pense que nous pouvons tous changer le monde, à condition de le faire à petites doses (à fortes doses, on déclenche les guerres).

Le coup de la girafe, un roman à lire et à faire lire, tant aux adultes qu'aux adolescents. Passez le mot... 
Vous avez trouvé une faute ? Oui, j'en laisse parfois passer. N'hésitez pas à me la signaler à sophiefaitparfoisdesfautes@sophielit.ca et je la corrigerai ! Merci et bonne lecture ! :-)
Parcourir les archives

Ajoutez votre voix à la conversation

Nouveau commentaire

(ne sera pas affiché)
Votre commentaire :

Ce site aime la langue française, merci de ne pas trop la maltraiter dans votre commentaire.
ANTI-SPAM : Combien font 2-1, écrit en lettres ?
Réponse : (indice : entrez un chiffre inférieur à deux)
• • • •