J'ai reçu son roman sur des feuilles imprimées, avec l'aspect d'un manuscrit encore en travail. Peut-être que cela a aidé, cette sensation d'avoir accès à une exclusivité. J'ai lu les premières pages dans un bus, me rendant à un rendez-vous. Et je suis descendue trois arrêts trop tard, prise au piège par la plume d'Olivier Simard qui signe avec Kickflip son premier roman. Entrevue avec un auteur à la voix décidément littéraire...
Kickflip est ton premier roman. Comment est née cette histoire?
Au début, j'ai commencé à écrire, chaque jour, sans trop me poser de questions. Je ne savais pas du tout où ça s'en allait, mais j'étais confiant que toutes les boucles se refermeraient à un moment donné. Quelques mois plus tard, je me suis retrouvé avec plus de 300 pages, des tas de péripéties compliquées et des gros mots de tête. Puis, j'ai réalisé que l'amitié entre les personnages et le passage de l'enfance à l'adolescence étaient les deux thèmes dont j'avais vraiment envie de parler. J'ai nettoyé mon récit au maximum et il en est resté Kickflip, un roman d'environ 150 pages, beaucoup plus simple.
Albert est un fan de skateboard. Est-ce une passion que tu partages avec lui? Pourquoi avoir choisi de donner une telle place au skate dans ton histoire, jusqu’à donner le nom d’une figure comme titre?
En fait, je ne trouve pas que le skate occupe une si grosse place dans l'histoire. Le skate fait plus partie du décor, comme l'école et les amis, mais il n'est pas souvent à l'avant-plan. Pour ce qui est du titre, j'ai choisi Kickflip surtout parce que je trouvais que c'était beau et que ça sonnait bien. C'est d'ailleurs comme ça que j'ai choisi la plupart des titres de mes chapitres.
Le personnage du frère a une déficience. Pourquoi avoir mis en scène un tel jeune? Qu’est-ce que cela apporte au personnage principal?
Quand j'ai commencé à écrire le manuscrit, le personnage de Yannick était beaucoup plus présent. J'avais envie d'explorer un personnage en symbiose avec son environnement, qui existe seulement à travers les sens. Après, quand j'ai fait mon gros ménage dans le récit, Yannick s'en trouvé plus effacé. Je pense néanmoins qu'il aide à sentir l'humanité et la loyauté du personnage principal. Aussi, il est là parce qu'il est là. Parce que tout ce qui est dans le roman n'est pas nécessairement là pour être utile.
Une scène de « bataille de bouffe » ouvre le roman. Est-ce un fait vécu? Vu? Est-ce que tu t’es beaucoup inspiré de ta réalité en tant que prof pour écrire ce récit?
La « bataille de bouffe » est un fantasme très répandu chez les élèves. Pour la décrire, je me suis inspiré de vidéos Youtube et des menus de la cafétéria de l'école où je travaille. Durant tout le processus, j'ai regardé beaucoup de vidéos sur internet, à la recherche de petits détails à inclure dans le texte. La façon dont les vêtements trop grands bougent sur le corps, des kickflips au ralenti, des extraits de jeux vidéo, des scènes captées dans des autobus scolaires, dans des corridors d'école, etc. J'ai eu beaucoup de plaisir à écrire comme ça.
D’ailleurs, tu enseignes dans une classe d’élèves en difficulté toi-même. T’es-tu inspiré de certains de ces élèves que tu as rencontrés au fil des ans pour construire tes personnages?
Je dirais que je me suis inspiré à 75% des élèves que j'ai connu en enseignant et à 25% de mon adolescence à moi. Mais c'est vrai que j'ai déjà eu des groupes semblables au groupe 09 de l'histoire. Des élèves exclus des autres classes qui formaient un nouveau groupe, dont j'étais le professeur. J'ai clairement en tête un ou deux élèves qui ont été une inspiration directe pour moi, ça c'est sûr.
Est-ce que certains de tes élèves ont lu ton roman? T’ont-ils donné des commentaires?
Je n'ai pas fait lire mon manuscrit à mes élèves pendant que je l'écrivais. La prochaine fois, par contre, je me promets de le faire.
Il y a différents styles qui se côtoient dans le roman. Lorsque les personnages parlent, leur langue est très orale. Est-ce que c’était une volonté de ta part que le tout fasse très « réel », que ça reste près des jeunes?
Je crois que ce ne sont plus seulement les adolescents qui parlent comme ça, aujourd'hui. Toute une génération de jeunes adultes s'exprime à peu près de la même façon. Quand j'écris des dialogues, j'ai besoin de les entendre pour vrai. J'ai de la difficulté à écrire un dialogue crédible en utilisant des expressions qui ne reflètent pas la vrai langue des interlocuteurs. Ça se fait naturellement et non dans le but de rejoindre le lecteur davantage.
En même temps, il y a aussi une langue très poétique dans Kickflip et les fins de chapitres en particulier sont souvent plus abstraites, métaphoriques. Est-ce une forme d’écriture qui te parle plus? As-tu parfois eu peur que cela rebute des lecteurs plus faibles?
C'est clairement une forme d'écriture que j'aime beaucoup. Ça permet de prendre un petit élément du quotidien et de l'amener ailleurs en le rendant un peu spécial. J'espère que ça ne rebutera pas les lecteurs plus faibles, mais que ça en éveillera certains sur la beauté des petites choses qui sont partout autour de nous, chaque jour. Pas seulement les couchers de soleil et les feuilles d'automne. Je parle de petites choses insignifiantes qui, quand on les regarde de près, finissent par devenir mystérieuses, presque magiques. Ça peut être un poil d'oreille, une coulisse de sauce, un bruit de porte qui grince, n'importe quoi.
Tu as fait des études en littérature et en création littéraire. Est-ce que cela influence beaucoup ta façon d’écrire?
Oui et non. Je crois que ce sont surtout les romans, mais aussi les films et la musique que j'ai aimés qui ont influencé ma façon d'écrire.
Il est dit dans ta biographie sur le site de la Courte Échelle que tu as développé le plaisir de lire sur le tard, à 18 ans. Qu’est-ce qui s’est passé à ce moment?
En grandissant, je trouvais que lire était ennuyant. Puis, je suis tombé (presque à m'y noyer) dans des romans de croissance personnelle comme l'Alchimiste, le Guerrier Pacifique et la Prophétie des Andes. Après ça, j'ai commencé à lire toutes sortes de choses.
Quel mot décrit le mieux ta relation avec les livres?
Sélectif. De tous les livres que je commence, j'en termine environ un sur trois ou quatre. À chaque fois, j'entame ma lecture, excité à l'idée de découvrir une histoire extraordinaire ou un style fabuleux. Des mots qui vont me transporter. Si je ne suis pas emballé après une cinquantaine de pages, j'arrête et je commence un autre livre, jusqu'à ce que je tombe sur la perle. Quand ça arrive, j'ai vraiment l'impression de déterrer un trésor et là, je trippe à fond.
Quel est ton livre préféré?
Il y en a plusieurs. Dans ceux que j'ai lus ces dernières années, je dirais Vendetta de R.J. Ellory, L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, de Reif Larsen, Le Prince des Marées, de Pat Conroy et la série Les Rois Maudits, de Maurice Druon.
Quel roman a marqué ton adolescence?
À l'adolescence, je ne lisais pas, mais vers 19 ans, le Comte de Monte-Cristo.
Quel est le livre sur ta table de chevet?
Au-delà du mal, de Shane Stevens.
Dans quel endroit préfères-tu lire?
Dans mon lit.
Si tu étais un livre, lequel serais-tu? Pourquoi?
Les aventures du Baron de Munchausen. À cause des aventures complètement rocambolesques et hilarantes que nous raconte le baron.
As-tu une suggestion de lecture pour ceux qui ont aimé Kickflip?
Pour les bons lecteurs :L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, de Reif Larsen. Pas parce que ça ressemble à Kickflip mais parce que c'est bien écrit, très coloré et très bon.
Pour les lecteurs débutants : La Cicatrice, de Bruce Lowery. Un roman simple et très touchant.
Parcourir les archives |
Chalut moi c Naïya Nogueira Tremblay, très bonne intro au début, MAIS MET PLUS DE PUNCH POIR LES JEUNES DE 12-17 ans comme moi! Crimme c hot ta converse avec olivier! Lit dont son livre YOUTUBEUR 1 c l'fun chuis a la page 196 ou 197 c presque la fin, mais je dirai rien, car cv gâcher l'punch! Bonne lecture toi aussi xe xd xd