Entrevue avec Luc Gélinas

 
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24 octobre 2012

Avec un titre accrocheur comme C'est la faute à Ovechkin, le petit dernier des éditions Hurtubise interpelle de nombreux lecteurs. D'autant plus que c'est le journaliste Luc Gélinas qui signe cette fiction tournant autour de la Ligue de Hockey Junior Majeur du Québec. Simplement curieuse au départ, je me suis laissée prendre au jeu lors de ma lecture et j'ai eu envie d'en apprendre un peu plus sur l'inspiration de l'auteur. Entrevue avec un passionné! 

Jusqu’à présent, vous avez écrit deux livres sur l’histoire des joueurs de la LNH, mais vous étiez toujours resté dans les histoires vraies. Qu’est-ce qui vous a donné envie de passer à la fiction?

Il y avait de la demande pour un troisième tome de «La LNH, un rêve possible» mais la passion était moins présente de mon côté. Je me serais peut-être laissé tenter par un troisième livre, mais pas sur l’enfance et le cheminement de joueurs de hockey. Si j’étais allé de l’avant, j’aurais aimé varier avec des athlètes de différents sports. L’idée du roman est née à la suite d’une discussion de hockey avec mon meilleur ami (concernant le club de son fils) et l’idée a ensuite germé pendant quelques semaines. Je me suis dit que les jeunes garçons avaient été fascinés par les jeux de coulisses réels des deux premiers livres…Alors ils aimeraient peut-être une fiction sur le même genre de thèmes. 

Et pourquoi viser la jeunesse?  Quel public espériez-vous toucher en écrivant C’est la faute à Ovechkin?

Malgré le succès en librairie de mes deux premiers livres, ma véritable paye c’était de rencontrer des profs ou des parents qui venaient me dire que mes livres faisaient enfin lire les garçons…Sans compter les nombreuses épouses qui m’ont dit qu’enfin leur mari avait plongé le nez dans un bouquin pour la première fois depuis le cégep. C’était très valorisant. J’ai un garçon et deux filles et ma conjointe a trois filles et c’est vrai que la grande majorité des romans jeunesse est destinée aux filles. J’espère amener les garçons à lire plus, mais je pense que les filles y trouveront leur compte aussi.

Avez-vous mis intentionnellement certains éléments dans le roman pour attirer un public féminin aussi?

Pas dans le premier tome. Sonia Fontaine, mon éditrice chez Hurtubise, m'a toutefois suggéré de continuer à donner de la place à mes personnages féminins dans la suite de l'aventure, car selon elle, les jeunes filles devraient aussi aimer ce type de roman. Et comme la vie des joueurs de hockey n'est guère différente de celle des autres adolescents alors c'est certain qu'il y aura des intrigues amoureuses qui vont se développer entre les matchs dans les tomes à venir.

Est-ce que vous avez lu d’autres romans jeunesse pour vous inspirer?

Oui, mais pas pour m’inspirer, mais surtout pour valider certaines choses. Je voulais être bien certain que je n’allais pas trop loin dans certaines facettes du roman. J’avais un énorme doute au niveau des jurons et des rapports d’intimité entre Félix et sa blonde Emma qui couchent ouvertement ensemble à seize ans. C’est correct dans ma maison avec mes enfants, mais est-ce que c’est acceptable pour tout le monde. Je ne voulais pas froisser de parents. J’ai surtout adoré «La fille d’en face» et «L’air bête», deux romans complètement différents, mais qui parlent de la réalité de jeunes du même âge que mes héros.

Dans la vidéo de présentation des éditions Hurtubise, vous parlez de votre amour de la série Lance et Compte. En quoi cela a-t-il influencé votre écriture?

Je parle du «Lance et compte» de la première époque et ça n'a rien influencé du tout. Le parallèle c’est que le hockey demeure la trame de fond qui relie tout le monde, mais l’aventure est souvent très loin de la patinoire. Je trouve que dans une série jeunesse comme la mienne, il est possible d’explorer des éléments très riches que Réjean Tremblay n’a jamais pu aborder.  

Et en quoi votre expérience de journaliste a-t-elle teinté ce roman?

C’est surtout au niveau du hockey. Honnêtement, c’est facile pour moi de toucher un sujet semblable et de construire une intrigue avec une fiction quand même réaliste. Et quand j’entends un joueur raconter une histoire abracadabrante, le soir venu, je prends ça en note!

Pouvez-vous nous aider un exemple ?

Les garçons qui se retrouvent dans la LHJMQ sont des athlètes d'élite et la plupart ont une forte personnalité. Ils vivent en meute et partagent des émotions fortes alors c'est facile de provoquer des situations explosives ou cocasses. Je ne voudrais pas brûler de punchs, mais c'est quand même facile à illustrer. Vous avez peut-être déjà entendu parler du joueur du Canadien qui avait été emprisonné une nuit en Floride, il y a quelques années, pour avoir volé une sacoche. Ce type voulait prendre le téléphone cellulaire qui était dans la sacoche pour effacer des photos sur lesquelles on voyait possiblement ses coéquipiers, une bière à la main dans un bar. Cette histoire est vite devenue un fait divers qui a fait énormément jaser. Si cette histoire n'était pas devenue publique, j'aurais pu m'en inspirer pour bâtir la base d'une aventure dans un chapitre.

Est-ce que l’intrigue est basée sur la réalité du hockey? Était-ce important pour vous de coller à la réalité?

C’était très important. D’ailleurs, les noms des restaurants, des parcs, des arénas ou des rues sont presque tous véritables. Et dans les l’histoire, je conserve les contraintes de la réalité la plupart du temps. Exemple, il n’y aura jamais de transactions en novembre, car ce n’est pas permis dans la LHJMQ.

Il y a, par exemple, des liens qui se créent entre certains vétérans et Félix et qui semblent un peu surprenants pour un joueur extérieur. Avez-vous été témoin de ce genre de situation?

C’est fréquent. Et encore plus si le jeune est prometteur alors les vétérans se collent sur lui. À Montréal par exemple, les gars comme Gionta et Gorges prennent soin des plus jeunes. Par exemple, cette année, avant que les camps d’entraînement commencent (ou ne commencent pas en fait) le jeune Brendan Gallagher logeait chez Josh Gorges.

La langue est personnage est aussi très parlée, était-ce aussi une volonté de rester très réaliste?

Oui, c’est voulu. Disons que dans le monde du hockey, les sacres servent souvent de verbes de sujets et d’adjectifs! Je tenais à faire un roman qui ressemble le plus à la réalité et au niveau du langage aussi

Est-ce que la maison d'édition a été un peu réticente au sujet des sacres dans le roman?

Oui et non. J'avais quand même gardé une certaine réserve à la base. C'est extraordinaire la façon dont les gens travaillent chez Hurtubise. Ils sont très respectueux de leurs auteurs et beaucoup à l'écoute de leurs idées. J'ai toujours le sentiment d'être leur seul auteur tellement les gens là-bas sont gentils et attentionnés! Ils sont très minutieux, mais ils n'imposent pas leur idées. L'éditrice Sonia Fontaine est une femme fantastique et elle ne se gêne pas pour me proposer des choses qui amélioreraient le roman et je suis très l'écoute, car je ne suis qu'une recrue dans le monde de la fiction...quoique dans mon travail, la réalité dépasse souvent la fiction!

Est-ce que vos enfants, qui sont adolescents, ont lu ce roman? Vous ont-ils fait des commentaires? 

Mes enfants n’ont pas voulu le lire! Ils préféraient attendre d’avoir le livre en main! Étrange n’est-ce pas? Toutefois, je ne me suis pas gêné pour leur demander conseil à l’occasion. Ma fille Daphnée (seize ans) a mis sa touche dans tous les textos, car je voulais que ça soit le plus fidèle à leur vie. Je t’aime est donc devenu «jtm» mais ça n’a pas passé à la correction! Je lui avais demandé de les réécrire à la manière d’un ado qui communique avec un autre ado! Je lui aussi demandé de lire les paragraphes ou Carl surprend sa mère à baiser avec Mike Bélair. Elle m’a dit «Voyons, y’a rien là papa. Ça ne va pas offenser personne!»  Toutefois, mon éditrice Sonia Fontaine a apporté un bon point en m’expliquant que ce sont les parents qui seraient peut-être choqués de lire trop de détails. Alors, j’ai réécrit en étant moins descriptif.

Félix a une vie hors du roman étant donné qu’il y a un blogue autour de la série et même un compte Twitter (@rippy57)! Est-ce vous qui l’alimentez? Pourquoi avoir voulu dépasser le cadre du roman?

Oui, c’est moi qui twitte! Je ne sais pas ce que ça va donner honnêtement. Je me dis que c’est un moyen de rester en contact avec les lecteurs et lectrices. Au pire, j’aurai essayé quelque chose!

Cinq romans sont prévus. Est-ce que vous avez déjà tout planifié?

Oui, mais c’est clair que d’ici la fin des éléments extérieurs viendront certainement influencer mes idées. Mais je sais déjà comment va se dérouler le dernier tome du tome cinq.

 

Rafale lecture !

Enfant, étiez-vous un grand lecteur?

Oui surtout du Agatha Christie et les livres adaptés de la série Columbo!

Qui vous a donné le goût de lire?

Je ne sais pas…mes parents n’étaient pas de grands lecteurs. Tout jeune, vers neuf ou dix ans, je me souviens que j’allais chaque semaine à la minuscule bibliothèque municipale de St-Boniface qui se trouvait alors dans le sous-sol du presbytère et la dame bénévole empestait le parfum bon marché!

Quel mot décrit le mieux votre relation avec les livres?

Ouf…je dirais «passe-temps». Avec trois jeunes sportifs, je dois souvent arriver une heure avant les matchs ou les compétitions et lire me permet de passer le temps. J’aime aussi lire en avion.                 

Quel est votre livre préféré?    

 «Je m’appelle Marie» de Christian Tétrault m’a fait pleurer et réfléchir sur la vie. Point de vue roman, j’ai doré «Anges et démons» de Dan Brown.

Quel roman a marqué votre adolescence?               

Ouf…une autre question difficile. Je pense bien que c’est «Meurtre à bord e l’Orient-Express». J’adorais Agatha Christie et j’essayais toujours de trouver l’assassin. Je devrais d’ailleurs relire ses livres, car j’en ai encore plusieurs à la maison!

Quel est le livre sur votre table de chevet?

 «Game Over, la vie d’Éric Gagné»

Dans quel endroit préférez-vous lire?

Avion par nécessité, mais sur la terrasse arrière avec un bon café ou un verre de rouge en écoutant chanter les oiseaux.

Si vous étiez un livre, lequel seriez-vous? 

Ah ah ah…une bande dessinée, car je ne me prends pas aux sérieux et on dirait que je suis assez bon pour faire plein de petites gaffes!

Avez-vous une suggestion de lecture pour ceux qui aiment C’est la faute à Ovechkin?

Je crois que «Hockey de rue» pourrait les intéresser.  J’ai aussi beaucoup aimé dernièrement «Seul dans la tourmente» de Johanne Dion…peut-être parce qu’il y a des similitudes avec mon roman, car ses personnages communiquent beaucoup avec des messages  textos et leurs statuts facebook   

Vous avez trouvé une faute ? Oui, j'en laisse parfois passer. N'hésitez pas à me la signaler à sophiefaitparfoisdesfautes@sophielit.ca et je la corrigerai ! Merci et bonne lecture ! :-)
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