J’étais à
De mots et de craie à la fin de la semaine dernière, un congrès sur la littérature jeunesse en général proposant aussi plusieurs pistes de réflexion sur sa place à l’école. Je m’y suis retrouvée noyée parmi les enseignants de primaire, les albums aux couleurs et aux textes délirants et les conférenciers passionnés venus plaider le plaisir de lire. Et moi, enseignante du secondaire, je me suis prise à rêver de retrouver ce bonheur qu’on voit dans les classes des premières années du primaire quand les enfants ont un plaisir infini à se faire raconter des histoires. D’ailleurs, Daniel Pennac a parlé de la nécessité de permettre aux adolescents de retrouver ces moments magiques, de permettre aux cancres de s’abandonner au plaisir des mots sans avoir la peur de la mauvaise réponse, en bref, de les faire régresser pour mieux les faire cheminer.
Au fil des conférences, les adultes aussi se sont fait raconter des histoires et je dois dire
qu’il y a vraiment un plaisir à se laisser bercer par les mots d’un bon conteur. Quand Véronique M. Le Normand racontait les aventures de l’héroïne de « Voulez-vous vous ennuyer avec moi? », les images étaient claires dans ma tête pendant que je me délectais du vocabulaire riche et précis employé. Et je me suis demandé : pourquoi arrête-t-on de lire? Y a-t-il une loi qui nous empêche d’amener la lecture à voix haute dans nos classes, pour autre chose qu’un roman obligatoire qui sera suivi d’un questionnaire ou pour une compréhension de l’oral? Peut-on simplement avoir du plaisir?
Je dois dire que je l’ai fait à plusieurs reprises durant ma dernière année scolaire et quelques textes en particulier ont retenu l’attention de mes élèves, ce qui m’a donné envie de vous en parler un peu ici, quatre textes fort différents à aborder, mais que les élèves ont beaucoup appréciés.
Johnny de Martine Pouchain
L’intimidation semble être le sujet en vogue cette année et c’est aussi une thématique qu’il faut aborder de différentes façons pour conscientiser un maximum de jeunes. Johnny est un livre idéal pour cela. Court roman de 50 pages qui se lit en une période, il est écrit sous la forme d’une lettre qu’Alice, jeune adolescente, écrirait à Johnny, souffre-douleur typique qui s’est malheureusement suicidé faute de trouver une solution à son problème. Alice a été témoin silencieux de cette descente aux enfers et tente maintenant de revenir sur ce qui s’est passé. L’histoire est troublante et l’écriture est forte et accrocheuse. Attention toutefois, le vocabulaire utilisé est très « franchouillard » par moment et il m’est arrivé souvent de « traduire » certains termes au fil de la lecture.
La saison des fantômes de André Roy
Recueil de poésie contemporaine, La saison des fantômes est délicieux à lire grâce au travail sur les mots et sur lessons qui a été fait par le poète et parce que les images sont très visuelles, faciles à comprendre et proches de la réalité des adolescents. Parfait pour un après-midi nuageux de la fin octobre où les arbres craquent sous le poids des rafales…
Une si jolie poupée de Pef
Un album? Au secondaire? Eh oui! D’abord parce que le thème de celui-ci est dur et puissant, celui de l’utilisation des jouets comme mines lors de guerres, ensuite parce que retrouver le plaisir des images est essentiels. La lecture commence en douceur avec la narration de la poupée puis les points d’interrogation apparaissent dans les yeux des élèves et ils sont vraiment touchés par la finale. En outre, c’est un excellent initiateur pour les discussions!
Guerre : Et si ça nous arrivait? de Janne Teller
C’est la narration au « tu » qui est particulièrement intéressante dans ce cas, permettant au spectateur de se sentir
directement interpellé par la lecture. Comme mise en contexte, l’auteur explique que la guerre a été déclarée entre les Français, les Anglais et les Scandinaves. Ces premiers sont sous le joug de la Police de Redressement. La situation est catastrophique, l’économie s’est effondrée, il y a des bombardements, l’eau courante est coupée. « Tu » est un adolescent de 14 ans qui doit émigrer au Proche-Orient et qui rencontre une panoplie d’obstacles liés à la couleur de sa peau et à sa langue. C’est un texte bien mené et très réaliste qui peut aussi ouvrir la discussion.
Je dois dire certains élèves ont été réticents au départ, mais je pense que tous y ont trouvé leur compte. Je ne suis pas aussi extrême que Daniel Pennac qui nous expliquait en conférence qu’il interdisait qu’on réveille ceux de ses élèves qui s’endormaient durant la lecture pour leur faire profiter de ce doux bonheur de sombrer dans les rêves au son du bonne histoire, et je dois dire que je demande une attention consciente, mais j’ai utilisé ces lectures comme moment de repos, comme initiateurs de discussion et comme porte vers différents types littéraires. Rares sont les moments de lecture à voix haute où personne n’est venu me demander une référence pour un titre semblable. Comme quoi le plaisir vient en lisant...
Oh! Merci, merci Sophie de nous parler de ce colloque, où j'aurais tant souhaité aller! S'il-vous-plait, s'il-vous-plait, est-ce qu'on peut en avoir d'autres articles, sur ce qui s'est passé là-bas? Il a dit quoi d'autre Pennac? Et Thierry Lenain, il était comment? Et Rebecca Dautremer????